Le dictionnaire historique de l'immigration

Depuis 2012, l'association Génériques s'est engagé dans la création d'un dictionnaire historique de l'immigration qui intègre des notices biographiques, d'organismes et de lieux. A terme, il intégrera également des notices de concepts et d'événements.

A l’origine du projet du dictionnaire historique de l’immigration

Le dictionnaire historique de l’immigration de Génériques trouve son origine dans le travail d’inventaire national des sources d’archives publiques et privées sur l'histoire des étrangers aux XIXe et XXe siècles publié en 4 tomes en partenariat avec la Direction des Archives de France en 1999 (Tome I, II, III) et 2005 (Tome IV), Les étrangers en France : Guide des sources d'archives publiques et privées XIXe-XXe siècles.

 

Celui-ci recense, entre autres, plus de mille notices biographiques et de lieux en lien avec l'histoire de l’immigration. Ces notices portent un éclairage sur des personnages, célèbres ou anonymes, et des lieux de mémoire et d’histoire, que les inventaires des archives ne permettent pas toujours d'identifier.

Lors de la mise en ligne d’Odysséo en 2009, Génériques y a progressivement intégré certaines de ces notices. Au même moment, est née l’idée de créer un dictionnaire historique de l’immigration en ligne. Ce dictionnaire, mis en ligne en 2012, propose des notices biographiques, des notices d’organisme ainsi que des notices de lieux de mémoire et d’histoire. Il proposera prochainement des notices d’événement ainsi qu’une frise chronologique qui permettra de faire défiler deux siècles d’histoire de l’immigration en France (XIXe et XXe). Destiné aux chercheurs, aux étudiants, aux enseignants, aux personnels des institutions patrimoniales et au grand public, le dictionnaire historique de l’immigration contribue à restituer toute la richesse et la diversité de l'histoire de l'immigration en France.

 

Le dictionnaire historique existe grâce à la collaboration de chercheurs et universitaires spécialistes de l’histoire de l’immigration rassemblés au sein d’un comité scientifique : Natacha Lillo (Université paris Diderot) Anouche Kunth (EHESS), Anne Boitel (Maison méditerranéenne des sciences de l’homme), Philippe Rygiel (Centre d’histoire sociale, Université Paris 1), Linda Guerry (Université du Québec à Montréal), Yvan Gastaut (Université Nice Sophia Antipolis), Marie-Christine Volovitch-Tavares (Centre d'études et de recherches sur les migrations ibériques), Piero Galloro (Université de Lorraine). L’équipe de Génériques les remercie vivement pour leurs contributions et leur soutien.

 

 

L’histoire de l’immigration à travers des vies

Les notices biographiques restituent des trajectoires individuelles participant aux mouvements migratoires des XIXe et XXe siècles et inscrites dans les contextes idéologiques, politiques, syndicaux, économiques ou culturels de leur époque. Elles embrassent des périodes de l'histoire de l'immigration aussi diverses que ces Arméniens de l'Empire russe ou de l'Empire ottoman œuvrant pour une Arménie indépendante, ces républicains espagnols ou antifascistes italiens fuyant la dictature et poursuivant leur combat pour la liberté sur le sol français, ces immigrés espagnols, italiens, roumains, hongrois, polonais, autrichiens, russes, allemands, bulgares, tchécoslovaques qui ont combattus au sein des fameux Francs-tireurs partisans de la main d'œuvre immigrée (FTP-MOI) durant la Seconde Guerre mondiale, ces migrants algériens, marocains, tunisiens, malgaches, sénégalais militant pour l'indépendance des colonies de l'Empire français, et tous ces travailleurs étrangers qui se sont mobilisés pour l’égalité…

 

Ces notices traversent des domaines d'activité hétérogènes soulignant une présence multiforme et un foisonnement dans ces rencontres interculturelles : politique, syndicats, résistance, armée, médecine, association, journalisme, littérature, poésie, peinture, musique, sport…

 

Illustration : Photographie de Saïd Bouziri.

 

 

Les lieux de mémoire de l’immigration

L'histoire de l'immigration, c’est aussi ces nombreux lieux de mémoire, sur l'ensemble du territoire français, qui ont été forgés au fur et à mesure du temps et des visites de ces espaces, souvent dédiés dans un premier temps au souvenir. Ces lieux rappellent l'apport de l'immigration à l'histoire commune, permettant à ceux qui l'ont vécue – immigrés ou non –, et à leurs descendants de conserver une trace matérielle de ce passé. Ces notices de lieux de mémoire permettent ainsi de traverser les grands mouvements migratoires des XIXe et XXe siècles en France. C'est ainsi qu’on y trouve un camp, un immeuble, un foyer de travailleurs, un bidonville ou un grand ensemble, une usine, une mine ou un chantier, un café, le siège d’une association, un stade, un cinéma, un cimetière, un temple, un église ou une mosquée… Cette profusion met en exergue ces apports multiples de l'immigration à la vie économique, politique, militaire, culturelle et artistique de la France.

 

Illustration : Villa Ker Monique. source : Gallica.bnf.fr./ Bibliothèque nationale de France.

 

 

 

Les organismes marquants de l'histoire de l'immigration

 

Ces notices restituent l'historique d'organismes ayant marqués l'histoire de l'immigration au XIXème et XXème siècles en France. Mouvements, organisations, institutions publiques, associations et institutions privées sont autant d'ensembles organisés faisant travailler hommes et femmes autour de problématiques liées à l'immigration. En lien étroit avec les notices biographiques mettant en exergue des trajectoires individuelles, ces notices permettent de retracer l'histoire d'organismes marquants, parfois éphémères dans leur durée de vie. Sont évoqués ainsi l'histoire des mouvements de résistance créés sous l'Occupation par des étrangers comme par exemple le Travail allemand (TA), le Comité Amelot ou encore le mouvement des Francs-tireurs et partisans de la Main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI) dont est issu le groupe Manouchian.

 

Illustration : L' "Affiche rouge" du groupe Manouchian (FTP-MOI) [1944]. Source : Odysséo.