Galerie de témoignages de femmes dans le journal Sans Frontière

Dès sa création en mars 1979, Sans Frontière lance un appel aux femmes immigrées pour qu'elles partagent leur vécu et leur quotidien. Le mois suivant, paraît le n°2 de la revue avec un dossier de trois pages traitant des femmes de l'immigration intitulé « Femmes, si les murs étaient transparents ». De nombreux témoignages y sont relatés traitant notamment du travail des femmes, du mariage, ainsi que de la place de la femme au sein de la lignée familiale.

Dans l'article, les femmes du Mouvement des travailleurs mauriciens (MTM) évoquent les actions d'accompagnement des travailleuses mauriciennes menées par la commission « Femmes » du mouvement. Ces actions visent à « permettre aux travailleuses [soumises à des conditions abusives de travail] d'obtenir des congés hebdomadaires et annuels, des salaires décents et surtout la rémunération ou la récupération des heures supplémentaires. »

FOCUS : Numéro spécial de Sans Frontière « Femmes, portraits et guides »

En 1985, un numéro spécial de Sans Frontière intitulé « Femmes, portraits et guides » est publié. La quatrième de couverture retranscrit l'ambition menée par la publication de ce hors-série : Maghrébines, Antillaises ou Noires, venues du Portugal ou de la Yougoslavie, étrangères ou de nationalité française, les femmes auxquelles ce guide est consacré bougent, tentent chacune à sa façon, individuellement ou de manière collective de faire bouger les choses. Dans tous les domaines, dans leur quartier ou au sein de leurs associations, à la maison ou – phénomène nouveau – sur le terrain économique, elles prennent l'initiative ».

Ce guide de 160 pages retrace une vaste galerie de portraits de femmes anonymes dont par exemple celui de Hanh, conductrice de bus : « […]Les femmes conductrices sont rares. Quand tout va bien, on ne leur dit rien. Mais dès qu'il y a un pépin, c'est la galère. Parfois il faut que je rappelle certains voyageurs à l'ordre. Tu verrais le scandale que je déclenche. J'accumule les problèmes des femmes qui occupent un poste plutôt traditionnellement masculin et les problèmes des immigrés. […] ».

Ce numéro effectue également un panorama d'actions citoyennes. Par exemple, l'article « Marseille. L'AFMA au pays des hommes » revient sur l'action militante de l'Association des femmes maghrébines en action, créée par une partie des membres de la Compagnie Ntaa' Nou. Cette association est notamment à l’initiative du forum justice qui se tient à Marseille durant la Marche pour l'égalité et contre le racisme de 1983. Enfin, un guide pratique répertorie les associations d'accueil et d'accompagnement formées par les femmes de l'immigration.

Le journal Baraka et les femmes de l'immigration

La dernière parution du journal Sans Frontière en 1979 a amorcé le mouvement de création d'un nouveau journal, le journal Baraka destiné aux jeunes de l'immigration, souhaitant devenir « l'hebdo de la France de demain : l'hebdo couleur, l'hebdo de toutes les couleurs de France ». Comme Sans Frontière, ce journal aborde des faits de société en lien avec les femmes de l'immigration.

Par exemple, le numéro 3 du 27 mars 1986 effectue une enquête sur la polygamie en France, en effectuant notamment un focus sur le droit français : « […] Monogame ou polygame, c'est d'abord en Occident comme en Afrique, affaire d'économie familiale. Mais lorsque ces modèles son transplantés ou quand l'amour se mêle de conjugalité les cartes se brouillent. [...] ». Le numéro 5 du 10 avril 1986 aborde quant à la lui la question de l' « amour métis » en proposant un dossier de 4 pages venant mêler enquête et témoignages.

Paru en mars 2018.