Mémoire de l'immigration en Seine-Saint-Denis : guide des sources
Le 15/03/2017 à 12h53 par Génériques
Résumé

Des sources concernant l'histoire de l'immigration dans le département de la Seine-Saint-Denis sont désormais disponibles dans Odysséo, faisant suite au travail engagé depuis 1990 par Génériques dans la constitution d'un inventaire national des sources publiques et privées sur l'histoire des étrangers en France aux XIXe-XXe siècles.

 

Un territoire dominé par une importante activité industrielle

 

Le département de la Seine-Saint-Denis est créé le 10 juillet 1964 par la loi de suppression des départements de la Seine et de la Seine-et-Oise. Ce territoire fortement urbanisé, situé au nord-est de Paris, rend compte d'une activité industrielle foisonnante. Certaines usines vont ainsi s'ériger en véritables berceaux des luttes ouvrières en lien avec l'immigration.

 

C'est le cas par exemple de la fonderie Peugeot de Bondy, dont des coupures de journaux conservées aux Archives départementales de la Seine-Saint-Denis1 retranscrivent des témoignages d'ouvriers : « La fonderie Peugeot de Bondy, fermée depuis le 16 juillet, est occupée par deux cents ouvriers licenciés. Ils exigent une formation, un reclassement dans le groupe PSA et la reconnaissance de leur maladie professionnelle. Ils témoignent : […] « tous les gars qui ont travaillé dans les sous-sols sont silicosés. […] On a des amis qui en acceptant de venir au Maroc sont morts brutalement. Le climat chaud et sec est fatal ».

 

Les Archives départementales de la Seine-Saint-Denis conservent également les dossiers produits par la Direction départementale du travail et de la main-d’œuvre, parmi lesquels on trouve des documents relatifs aux autorisations de travail temporaire accordées aux travailleurs étrangers. Des dons et dépôts d'archives de particuliers sont également disponibles à la consultation, comme par exemple les archives produites par la Compagnie de construction mécanique Sulzer. Cette société de construction de moteurs de propulsion de bateaux – créée en 1918 - a déployé son atelier de construction à Saint-Denis jusqu'en 1958. Les fiches d'enregistrement du personnel, conservant des données d'état civil de travailleurs étrangers – Suisses, Italiens, Polonais, Belges, Hollandais, Yougoslaves, Anglais, Algériens - sont consultables aux Archives départementales de la Seine-Saint-Denis.

 

Pour en savoir plus, consultez ces notices du Dictionnaire historique de l'immigration sur l'usine PSA-Citroën (Aulnay-sous-Bois), l'usine Idéal Standard (Aulnay-sous-Bois) et l'usine Peñarroya (Saint-Denis).

 

 

Années 1970 : essor des habitats temporaires et des structures d'accueil 

 

La Seine-Saint-Denis est marquée dans son histoire par le déploiement au cours des années 1950 de multiples bidonvilles dont les plus importants sont ceux d'Aubervilliers, de Saint-Denis, de La Courneuve et de Noisy-le-Grand. Des actions de résorption menées par la Préfecture de police vont être menées dès le début des années 1960, qui initieront un mouvement pour l'adoption de la loi Michel Debré en faveur de la résorption des bidonvilles en décembre 1964.

 

Pour en savoir plus, consultez les notices du Dictionnaire historique de l'immigration sur les bidonvilles de la Campa (La Courneuve), du Cornillon (Saint-Denis) et du Franc-Moisin (Saint-Denis).

 

Les foyers de travailleurs migrants se déploieront massivement à partir des années 1960. Les dossiers produits par le cabinet du Préfet sur la gestion des foyers témoignent d'enquêtes effectuées auprès des étrangers et du mode de vie présent dans les foyers. A partir des années 1970, une partie de la population des bidonvilles de la Seine-Saint-Denis va être relogée en cités de transit. Ce type de logement sera progressivement résorbé à partir des années 1980.

 

Pour en savoir plus, consultez les notices du Dictionnaire historique de l'immigration sur les foyers suivants : Bara (Montreuil), Nouvelle-France (Montreuil), « Foyer des Postes » (Aubervilliers), Foyer de travailleurs migrants d'Aubervilliers-La Courneuve (La Courneuve), Foyer Romain Rolland (Saint-Denis), ainsi que la collection de photographies numérisées de Jacqueline Geering.

 

 

Éducation et manifestations culturelles en Seine-Saint-Denis

 

L'Université Paris VIII (Saint-Denis)

 

Le Centre universitaire expérimental de Vincennes est inauguré en décembre 1968 dans le but de favoriser une large démocratisation du savoir par l'ouverture du centre à un large public dont des non-bacheliers, des salariés et des étrangers. L'université va déménager ensuite à Saint-Denis en 1980. Les archives de l'établissement Paris VIII (Saint-Denis) sont disponibles ainsi à la consultation aux Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, dont notamment les dossiers concernant les motifs d'exonérations de réfugiés politiques (1985-1986). Des affiches numérisées dans Odysséo témoignent des activités culturelles, associatives et de mémoire menées au sein de l'établissement.

 

 

Le théâtre Gérard-Philippe (Saint-Denis)

 

Le théâtre, construit en 1902, est à l'origine une salle des fêtes qui accueille spectacles, bals et galas. Le Théâtre national populaire (TNP) y donne quelques représentations dans les années 1950, avant que le théâtre ne prenne le nom du comédien Gérard Philippe en 1960. Le direction de Jacques Roussillon puis de Jacques Valverde vont transformer le bâtiment comme la programmation. À partir de 1976, René Gonzalez, né en 1943 à Paris d'un père uruguayen, fait du théâtre municipal l'un des plus importants d’Île-de-France grâce à une programmation prestigieuse. En 1983, le théâtre Gérard Philippe devient Centre dramatique national. Daniel Mesguich, Jean-Claude Fall, Stanislas Nordey puis Alain Ollivier se succèdent à la direction du théâtre depuis 1986. Des cycles de résidence, des festivals, comme Africolor, un atelier d'enseignement supérieur et des ateliers amateurs sont créés.

 

Pour en savoir plus, consultez cette sélection d'affiches produites par le Théâtre Gérard-Philippe de Saint-Denis.

 

 

Paru en mars 2017.

 

1Article de Patrick Appel-Muller « Peugeot-Bondy : la fonderie de la honte » in : l'Humanité-Dimanche, 4 novembre 1984.

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