Juan de Diego
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Biographie ou histoire :
Juan de Diego Herranz est né le 18 mai 1915 à Barcelone. Issu du milieu ouvrier, il a suivi des études qui l'ont menées au secrétariat d'un syndicat patronal. Sympathisant communiste sans jamais y adhérer, il s'engage lors de la guerre d'Espagne. Il devient alors secrétaire d'un commissaire, puis d'un général, intéressé par ses qualités de cartographe. Suite à la Retirada, il se retrouve en France au camp du Vernet, avant d'en rejoindre un second. Il s'engage dans l'armée française, dans la 103e CTE et part sur la ligne Maginot. Il est arrêté par les Allemands le 21 mai 1940 dans la forêt d'Amiens. il est déporté le 6 août 1940, dans le premier convoi comptant des Espagnols. Portant le matricule 3156, il est le troisième Espagnol arrivé à Mauthausen. Des 392 Espagnols de ce convoi, il est le seul survivant.
A Mauthausen, après huit mois passés dans la carrière, il décide d'apprendre l'allemand afin d'augmenter ses chances de survie. Il devient alors le troisième secrétaire du camp. “ De Diego était employé comme secrétaire adjoint au camp. Pendant cette période où il a occupé cet emploi, il s'est efforcé de faire le maximum pour adoucir la souffrance des camarades français, espagnols et autres nationalités. Nous pouvons dire que grâce à lui, de nombreux camarades ont pu revenir vivants de ce camp. D'autres part, il a participé activement à l'action du Comité international clandestin à la libération du camp. Il a mis le meilleur de lui-même pour établir la liste des déportés français morts au camp, et donner un maximum de renseignements au Comité sur le comportement des SS à l'égard des déportés. ”
Emile Valley, secrétaire général de l'Amicale de Mauthausen, attestation du 18 mars 1967, fonds de Diego.
Il a pu établir ces listes de déportés, car sa tâche principale consistait à tenir l'état civil du camp, à relever les entrées et les “ sorties ”, de Mauthausen, mais aussi de Gusen. C'est pourquoi il est surnommé “ le curé ”, accompagnant les morts pour noter leur matricule. “ Quand on voit les morts, on s'habitue ou on se suicide… et moi, il a fallu que je m'habitue à voir les morts, et les morts, quand on les regarde, ils ont tous une expression… soit dans les mains, soit dans la bouche, soit dans les yeux…, chaque mort dit quelque chose et chaque jour, quand j'identifiais les morts de la journée, je cherchais à lire dans leur visage qui ils avaient pu être… ”
Cahier de Mauthausen n°1, Mauthausen : de la mémoire à la conscience européenne , Symposium I, Mauthausen-Linz (Autriche) 29, 30 et 31 octobre 2000.
A la libération du camp, il reste jusqu'en juin, avec les Américains. Il habite tout d'abord à Paris, mais il effectue différents voyages, à Lourdes notamment, à cause de sa tuberculose. Il travaille dans un hôtel à Luchon, avant de regagner Paris dans les années 1960, où il est à nouveau concierge dans un hôtel puis documentaliste. Il est très actif à l'Amicale de Mauthausen, dont il a été vice-président d'honneur.
Depuis son décès le 9 mai 2003, ses archives sont conservées à Barcelone, au domicile de son neveu.