Manuel Razola

  • Biographie ou histoire :

    Manuel Razola est né en 1909 dans la province de Guadalajara (communauté de Castilla-la-Mancha). Lorsque la guerre civile éclate, il est paysan. Il occupe alors un poste dans l'administration civile, avant de rejoindre une unité d'assaut en août 1938. Réfugié en France en février 1939, il est déçu par l'accueil de la France : “ Malgré la solidarité du peuple et des démocrates français, on nous traita plus mal qu'une armée ennemie ”, écrit-il dans Triangle bleu . Il y raconte son passage dans les camps français, avant d'être enrôlé de force dans une compagnie de travail et de partir pour renforcer les fortifications de la ligne Maginot. Arrêté par la Wehrmacht le 21 juin 1940, il est interné dans un stalag, où il redoute d'être livré aux franquistes. Il est déporté à Mauthausen, où il fait parti de la direction du PCE, organisatrice du premier comité de résistance intérieure avec le PSUC. Il y rejoint Mariano Constante, José Perlado, Santiago Bonaque, Lavin, Joan Pagès, Santiago Raga et Luis Montero

    Chef du détachement des Francs tireurs partisans - main d'œuvre immigrée (FTP MOI ou MOI) espagnols de la région parisienne.

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    Après la libération, il s'installe en France où il rencontre Henriette, son épouse, en 1948. Celle-ci prend part à la rédaction du livre qu'il écrit avec Mariano Constante sur la déportation des républicains espagnols à Mauthausen. Triangle bleu est composé de leurs témoignages et de ceux de Esteban Balogh, Ramon Bargueno, Marcelino Bilbao, Patricio Cruz, José Escobedo, Manuel Falo, Angel Hernandez Garcia, Luis Gil, Artur London, Felipe Martinez, Sebastian Mena, Navarro, Santiago Raga, Ricardo Rico, José Sanz et Patricio Serrano. Ce livre a également été réalisé grâce à la collaboration d'anciens déportés espagnols et d'anciens membres des Brigades internationales. Créées en octobre 1936, ces unités de volontaires étrangers ont combattu auprès des forces républicaines lors de la guerre civile espagnole. Parmi les membres les plus célèbres, citons Artur London et son épouse Lise London-Ricol, grands amis de Manuel Razola et de son épouse. Artur London et Manuel Razola se sont rencontrés à Mauthausen, où London a été déporté en 1942, après avoir été en France l'un des trois chefs historiques de la “ MOI ”. Parmi les personnes ayant participé à Triangle bleu se trouve également un ancien du groupe Manouchian, Emilio Fernandez. Ce groupe a été fondé par Missak Manouchian, Arménien réfugié en France en 1925. Chef militaire des FTP MOI de la région parisienne, il avait fait parti auparavant du Comité d'aide aux républicains espagnols fondé par Malraux.

    Triangle bleu paraît en 1969 non sans avoir rencontré de nombreuses difficultés, notamment dans la recherche de soutien de la part de personnalités du monde de la littérature ou de la politique. Pierre Daix, écrivain déporté à Mauthausen, rapporte dans sa préface à l'édition de 2001 : “ l'édition de 1969 s'est heurtée à une conspiration du silence voulue par les institutions communistes, mais qui se trouva relayée par les médias. (…) A force de s'entendre demander, avec sous-entendus : comment avez-vous donc fait pour en revenir ? bien des nôtres en avaient conclu que tout n'était pas bon à dire. Les témoins de Triangle bleu ne s'embarrassaient pas de précautions. Leur survie était une infraction à toutes les règles. Ils avaient payé cher le droit de dire ce qu'ils étaient. ”

    Manuel Razola est décédé à Toulouse en 1993.

  • Présentation du contenu :

    Ses archives (un carton) sont conservées à son domicile par sa veuve. Nous avons numéroté chaque photo et rassemblé dans des chemises les documents, par thème.

    Ce fonds se compose de photos prises à la libération de Mauthausen et lors de congrès d'anciens déportés, après la guerre, car Manuel Razola a été très actif dans le milieu de la déportation. Lors de la parution de Triangle bleu en 1969, il a rassemblé les coupures de presse relatives à sa sortie et la correspondance échangée à cette occasion.