Foyers
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Date :
1975-2013
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Biographie ou histoire :
Au départ militante d'extrême-gauche, Geneviève Petauton commence à militer en 1967 pour le droit de visite dans les résidences universitaires. Dans ce cadre-là, elle s'intéresse aux question du logement et participe aux différentes luttes des foyers de travailleurs immigrés depuis les années 1970. Une grande grève des loyers commence dans les foyers SONACOTRA en 1974 suite à une augmentation de 30% de la redevance. Les immigrés logés dans les foyers ont des conditions de vie difficile : ils n'ont pas le statut de locataires, ni le droit d'héberger d'autres personnes ou le droit de réunion, des chambres de 6 à 9m 2 , etc. Les gérants des foyers sont pour la plupart d'anciens militaires ayant servi pendant la guerre d'Algérie et mettent en place un contrôle social et politique des résidents. Les habitants des foyers s'organisent par foyer en comité de résidents. Un comité de coordination autonome se met en place en 1975 autour d'une plate-forme de revendication partagée par tous les foyers en lutte avec l'appui de différentes structures (partis et groupes d'extrême-gauche, syndicats, Mouvement des Travailleurs Arabes, Gisti, etc.). La grève s'élargit et jusque 20 000 résidents participent aux mobilisations.
Parallèlement, le contexte législatif se durcit. En 1977, Lionel Stoléru, secrétaire d'État auprès du ministère du Travail, met en place un dispositif d'aide au retour de 1000 francs, le "million Stoléru". En 1979, la loi Bonnet permet l'expulsion des immigrés et durcit les conditions d'accès au séjour. Ce dispositif s'accompagne, pour les résidents des foyers, d'expulsion des dirigeants du mouvement, comme Bouaziz dont l'expulsion est dénoncée dans une affiche présente dans ce fonds. Le mouvement de grève dure quatre ans et permet la création de liens entre les habitants des foyers de toute la France, notamment en Ile-de-France, Nord-Pas-de-Calais et Meurthe-et-Moselle. Les résidents obtiennent différents droits : droit de réunion, droit d'affichage, droit de visite, droit de représentation des résidents et droit aux salles de prière. Cependant, l'essoufflement du mouvement empêche une pérennisation des structures autonomes de résidents et surtout, les résidents n'obtiennent pas le statut de locataires.
Une dizaine d'années plus tard, Geneviève Petauton participe à la création du Collectif pour l'avenir des foyers (Copaf) créé à la suite du rapport Cuq, du nom d'Henri Cuq, questeur de l'Assemblée Nationale. Ce rapport est jugé par le collectif comme stigmatisant les foyers en les présentant comme des zones de non-droit avec un mode de vie communautaire. Le collectif milite pour une amélioration des conditions de vie des résidents des foyers(problèmes de papier, droits sociaux, etc.) et pour l'intégration des travailleurs immigrés. Il participe à des fêtes de foyers organisés par les résidents ainsi qu'au festival de cinéma des foyers organisé par l'association Attention chantier.
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Présentation du contenu :
La collection Geneviève Petauton comprend 13 affiches des différentes manifestations politiques et culturelles des foyers d'Île de France, de la grève de 1975-1979 jusqu'au festival de cinéma des foyers.
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Bilbiographie :
Fiévet (Michel), Le livre blanc des travailleurs immigrés des foyers : du non-droit au droit , Paris, L'Harmattan, 1999.
Bernardot (Marc), Loger les immigrés. La Sonacotra : 1956-2006 , Bellecombe-en-Bauges, Éditions du Croquant, 2008.
Génériques, Exposition virtuelle : Les foyers de travailleurs migrants en France : http://www.generiques.org/les-foyers-de-travailleurs-migrants-en-france-1945-1995/ [Consulté le 3 Mai 2016].