Kouyaté, Tiemoko Garan

  • Date :

    1902-1944

  • Notice historique :

    Kouyaté, Tiemoko Garan. Instituteur, journaliste, syndicaliste et militant anticolonialiste malien (Ségou, 1902-1944). Né à Ségou (Soudan Français, actuel Mali), Tiemoko Garan Kouyate est instituteur en Côte d'Ivoire de 1921 à 1923. Boursier de l'Ecole Normale d'Aix-en-Provence en 1924, il est renvoyé en octobre 1925 pour « indiscipline ». Employé chez Hachette à Paris en 1926, secrétaire-adjoint du Comité de Défense de la Race Nègre (CDRN) de Lamine Senghor, il adhère probablement à cette date au PCF. En mars 1927, il devient secrétaire général de la Ligue de Défense de Race Nègre (LDRN), dont il préside les destinées à la mort de Lamine Senghor (novembre 1927). A la suite d'une nouvelle scission, il fonde en août 1931 Le Cri des Nègres qui deviendra l'organe de l'Union des Travailleurs Nègres (UTN) à sa création en septembre 1932. De 1925 à 1932, Tiemoko Garan Kouyate est devenu un « révolutionnaire professionnel » : membre du Conseil général de la ligue anti-impérialiste, en 1929, il se rend à Berlin et en URSS. Il est également secrétaire de la section Afrique dans le syndicat international des ouvriers nègres (dépendant de l'ISR) en août 1930 et secrétaire de la fédération CGTU des gens de mer. Tiemoko Garan Kouyate rompt en octobre 1933 avec l'IC et le PCF et évolue progressivement vers la gauche réformiste. Son journal, Africa , créé en décembre 1935 (jusqu'à septembre 1938), soutien le Front Populaire. Il meurt en 1944 (?) dans des conditions encore non élucidées, sans doute fusillé par les nazis au camp de concentration de Mauthausen. Éditorialiste et polémiste brillant, porteur d'idées que l'on retrouvera plus tard dans le mouvement de la négritude, Tiemoko Garan Kouyate reste une énigme, un personnage à multiples facettes. Révolutionnaire en 1928, il sollicite l'aide financière du très conservateur député du Sénégal, Blaise Diagne, finalement plus panafricaniste que communiste, il accepte néanmoins l'aide de l'IC tout en manifestant constamment contre la tutelle du PCF. Lorsque, après maints conflits, il rompt avec la Troisième Internationale, il rentre en contact avec les frontistes français, qui l'émarge en 1938 à la caisse noire du ministre des Colonies. Résistant africain tombé sous les coups de la barbarie nazie ou aventurier opportuniste, Tiemoko Garan Kouyate reste, quoi qu'il en soit, une des figures pionnières du mouvement nègre.

  • Références :

    OUVRAGES ET ARTICLES

    Dewitte Philippe in Presse et Mémoire, catalogue de l'exposition « France des étrangers, France des Libertés » , éditions Mémoire Génériques, 1990

  • Légende/crédits :

    Auteur de la notice

    Philippe DEWITTE

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