Boczor, Joseph dit Pierre

  • Date :

    1905-1944

  • Notice historique :

    Boczor, Joseph dit Pierre (Felsobalya, Transylvanie, 1905-Suresnes, 1944). Son vrai nom est Francisc Wolf. Il adopte pendant la guerre celui de Joseph Boczor en souvenir d'un camarade de combat. Militant des Jeunesses Communistes, il apprend le déclenchement de la guerre civile espagnole à Prague où il est étudiant à l'Institut polytechnique. Sans passeport, il traverse l'Europe pour venir combattre aux côtés des Républicains. Dans les rangs des Brigades Internationales, il fait partie des groupes qui réalisent des sabotages derrière les lignes franquistes. Après la chute de Barcelone, il se réfugie en France où il est interné dans divers camps du Midi de la France. Le 27 mars 1941, il s'évade avec un groupe de Roumains, anciens des Brigades Internationales au cours de leur transfert en train d'Argelès-sur-mer vers le camp du Vernet en Ariège. Arrivé à Paris, il rejoint l'Organisation Spéciale (OS) du Parti communiste qui réalise les premières actions armées contre l'occupant au début de l'été 1941 : l'OS n'est alors constituée que de petits groupes et l'organisation n'est pas encore structurée. Il devient alors l'adjoint de Conrado Miret-Must, le responsable au sein de l'OS des groupes de combattants étrangers regroupés sous l'appellation d'OS-MOI. C'est probablement Joseph Boczor qui, à la tête d'un groupe de l'OS-MOI, fait dérailler deux convois militaires allemands dans la banlieue est de Paris en juillet 1941. En décembre 1941, après l'arrestation de Conrado Miret-Must, Joseph Boczor devient le responsable de l'OS-MOI. Au printemps 1942, le Parti décide la création d'une nouvelle organisation en vue de la lutte armée, les Francs-Tireurs et Partisans (FTP). Joseph Boczor manifeste son désaccord alors même qu'on lui propose de prendre le commandement des FTP de la Main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI) en région parisienne. Pour des raisons de sécurité, il est opposé à ce que les groupes d'anciens d'Espagne sous sa responsabilité fusionnent avec les autres groupes de combat qu'il estime inexpérimentés. Malgré ce désaccord, il se voit cependant confier la responsabilité du quatrième détachement des FTP-MOI de la région parisienne. Chari Gruia, sa compagne, devient l'agent de liaison du responsable du service technique des FTP-MOI, chargé de l'armement et de la fabrication des engins explosifs. Arrêtée le 15 décembre 1942, elle est déportée peu après en Allemagne. Elle survivra à la déportation et retournera après la guerre en Roumanie. Sous le commandement de Boczor, le quatrième détachement opère pendant près d'un an et demi à Paris et en banlieue, réalisant notamment des déraillements sur le réseau ferré Est utilisé par les trains de permissionnaires allemands et les trains de marchandises à destination du Reich : cette spécialisation dans les sabotages ferroviaires a donné à cette unité le surnom de « détachement des dérailleurs ». Parmi les actions qu'il eut à organiser, Joseph Boczor a notamment été chargé au début de l'année 1943 de préparer un attentat contre le général Schaumburg, commandant du Grand Paris, attentat qui échoua finalement. A l'issue d'une longue traque menée par la police parisienne, Joseph Boczor est arrêté avec la plupart des membres de son détachement en novembre 1943 puis remis aux Allemands. Il est déféré le 15 février devant la cour martiale du tribunal allemand auprès du commandant du Grand Paris chargée de juger les combattants FTP-MOI arrêtés l'automne précédent. Condamné à mort, Joseph Boczor est fusillé le 21 février 1944 au Mont-Valérien avec 21 combattants FTP-MOI.

  • Références :

    OUVRAGES ET ARTICLES

    Courtois Stéphane, Peschanski Denis, Rayski Adam, Le sang de l'étranger. Les immigrés de la MOI dans la Résistance , Paris, Fayard, 1989

    Holban Boris, Testament, après quarante-cinq ans de silence, le chef militaire des FTP-MOI de Paris parle , Paris, Calmann-Lévy, 1989

    Les Roumains dans la résistance française , Bucarest, Editions Méridiane, 1971

    Pages de gloire des 23 , Paris, Comité français pour la défense des immigrés, 1951

  • Auteur de la notice :

    Grégoire GEORGES-PICOT

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