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Fontainebleau. Les Ecoles d'art américaines, de 1920 à nos jours

  • Date :

    XXe s. - XXIe s.

  • Notice historique :

    La première École d'art américaine de Fontainebleau est créée en 1921 et correspond à l'engagement du gouvernement des États-Unis de promouvoir les échanges culturels avec la France. Après la Première Guerre mondiale, le général Pershing qui souhaitait renforcer la qualité des orchestres militaires de l'armée américaine, confie à Walter Damrosch, futur chef d'orchestre de la Philharmonie de New York, la mission d'instaurer une école de musique à Chaumont, dans la Haute-Marne, où était installé le quartier général de l'armée américaine. Les cours sont alors délivrés par le compositeur et enseignant Francis Casadesus. Après la guerre, Damrosch et Casadesus décident de maintenir cette école et obtiennent le soutien des autorités françaises et de plusieurs personnalités du monde musical français. En 1920, Charles-Marie Widor, compositeur et organiste de renom, est nommé premier directeur du Conservatoire américain de Fontainebleau: le gouvernement français autorise l'installation de cette école dans l'aile LouisXV du château de Fontainebleau, où avait été installé un hôpital militaire pendant la guerre. Un loyer de 40.000 francs est versé par le gouvernement américain et la Fondation Rockefeller finance une partie des travaux. La première mission de l'école est d'offrir à des jeunes musiciens le meilleur de l'éducation musicale française. Les enseignants sont en effet recrutés parmi les plus talentueux de l'époque: Maurice Ravel, Camille Saint-Saëns, Henri Dutilleux, Sviatoslav Richter, Mstislav Rostropovitch, Igor Stravinsky, Arthur Rubinstein et Leonard Bernstein comptent parmi les maîtres de cette école dont la renommée est très importante aux Etats-Unis.

    En 1923, une école des Beaux-Arts s'ajoute à l'école de musique et offre des enseignements de peinture, d'architecture et de sculpture. Cette structure originale favorise les échanges entre disciplines artistiques et permet d'instaurer de nombreuses relations entre la France et les États-Unis. L'enseignement s'appuie sur une palette élargie de méthodes (universités d'été, cours collectifs, ateliers pratiques, présentations des travaux des élèves, remises de prix) et bénéficie du cadre offert par le château qui donne un accès immédiat à l'histoire de l'art classique français et offre des équipements uniques comme le théâtre impérial Napoléon III, employé comme salle de concert. De grandes fêtes sont organisées par l'école, comme à l'été 1928:

    La semaine dernière a eu lieu à Fontainebleau une fête pittoresque; des personnages du temps de LouisXV ont dansé des menuets et ont évolué en barque féérique sur les étangs. On a glissé dans les eaux des carpes avec un anneau d'or. Un concert et un banquet ont également eu lieu. Cette fête peu banale a été donnée à l'occasion de l'inauguration du buste de M. Lloyd Warren, fondateur des écoles d'art américaines. («La fête des Écoles d'art américaines», La Renaissance politique, littéraire, artistique, 18août 1928)

    Dès les premières années, des «étudiants de couleur» sont accueillis dans l'école: même si un enregistrement spécial leur est appliqué, l'école témoigne d'une ouverture remarquable pour l'époque. La part importante de femmes parmi les élèves est l'autre trait marquant: issues pour la majorité des classes moyennes, certaines viennent à Paris pour se familiariser avec l'élégance française mais la plupart viennent apprendre le métier d'enseignante qu'elles exercent à leur retour aux Etats-Unis. En 1926, l'École américaine est reconnue d'utilité publique et ce nouveau statut garantit la pérennité de l'institution.

    Initialement, les cours se concentrent durant l'été et réunissent environ 300 élèves pour une période de trois mois. La plupart d'entre eux se destinent à l'enseignement des arts aux États-Unis et maintiennent un lien constant avec l'école, par l'intermédiaire d'une société des amis des écoles américaines qui comptent, dès 1931, plus de 3.000 adhérents. Au début des années 1930, une campagne teintée de xénophobie et motivée par des considérations économiques, tente de remettre en cause l'existence de l'école qui surmonte la crise. Durant la Seconde Guerre mondiale, l'École est contrainte à la fermeture et s'exile aux Etats-Unis avant de revenir en France en 1946. À partir de 1949, l'empreinte de Nadia Boulanger (1887-1979) marque profondément l'organisation des enseignements: jeune professeur de composition et d'harmonie, elle développe à Fontainebleau des méthodes originales d'apprentissage et demeure l'un des guides spirituels de l'école jusqu'à la fin des années 1970.

    Le Conservatoire et l'École des Beaux-Arts, réunis dans les Écoles de Fontainebleau (The Fontainebleau Schools), ont formé des générations d'artistes devenus célèbres, tels qu'Astor Piazzolla, Philip Glass ou Quincy Jones. Dans les années 2010, les Écoles maintiennent les enseignements sous la forme d'une université d'été de quatre à cinq semaines, et reçoivent des étudiants américains et d'autres qui viennent aussi, désormais, du monde entier.

  • Sources complémentaires :

    Sources

    AD77,M1142, Conseil général. Écoles d'art américaines.

    AD77,1MP87, Écoles d'art américaines de Fontainebleau, rapports annuels, 1926-1929 (Ecole des Beaux-arts et conservatoire de musique).

    AN,F21/5388, Conservatoire américain de musique de Fontainebleau, 1919-1938.

    AN,F21/5389, École des Beaux-Arts et Fondation française, dite "Ecoles d'art américaines" de Fontainebleau, 1922-1939, 1945-1955.

    AN,F21/8542, Direction générale des Arts et des Lettres, Écoles d'art américaines de Fontainebleau, 1946-1955; Correspondance, statuts de la société des Amis des écoles d'art américaines de Fontainebleau.

    Image :L. Ménard, American Art Schools of Fontainebleau, School of Music, Carte postale, 9x14, 1923, Collection Génériques.

  • Références :

    BOSCHERON,Hélène, «1923, ouverture de l'Ecole des Beaux-Arts au Palais de Fontainebleau», Fontainebleau. La revue d'histoire de la ville et de sa région, n°6, 2014, pp.77-80.

    LEONARD,Kendra Preston, «Excellence in Execution and Fitness for Teaching: Assessments of Women at the Conservatoire Américain», Women and Music: A Journal of Gender and Culture, vol.11, n°1, 2007, pp.29-50.

    LEONARD,Kendra Preston, The Conservatoire Américain: a History, Lanham, Scarecrow Press, 2007, 263p.

    LEONARD,Kendra Preston, Louise Talma: a Life in Composition, Farnham, Ashgate, 2014, 263p.

    WIDOR,Charles-Marie, PIRRO,André, Palace of Fontainebleau. French High School of Musical Studies. Conservatoire américain, Règlement et programme des cours, Melun Imprimerie administrative, 1921, 20p.

    WIDOR,Charles-Marie, Les Écoles d'art américaines de Fontainebleau, Paris, Gazette des Beaux-Arts, 1931, 2p.

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