Ferrières-en-Brie. Le Château de Ferrières et les Rothschild : une famille européenne de banquiers aux XIXe et XXe siècles
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Date :
XIXe siècle
XXe siècle
1ère moitié du XXIe siècle
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Notice historique :
Les différentes branches de la famille Rothschild, en Allemagne, en Grande-Bretagne et en France, manifestent la réussite d'une entreprise familiale dans les activités bancaires aux XIXe et XXe siècles. La construction du château de Ferrières situé à Ferrières-en-Brie et l'embellissement du domaine témoignent de cette réussite, au carrefour de l'histoire des circulations européennes des grandes familles d'industriels et de l'histoire des arts.
L'ascension de la famille Rothschild commence au XVIIIe siècle en Allemagne, au service des grandes familles princières. Les cinq fils de Mayer Amschel (1743-1812) s'installent chacun dans des pays différents et constituent autant de branches d'une entreprise à la fois familiale et européenne, en Grande-Bretagne, en Autriche, en Italie, en Allemagne et en France. James Mayer de Rothschild (1792-1868) arrive à Paris vers 1810 et, en 1824, épouse sa nièce, Betty, fille de son frère Salomon, installé à Vienne. Les réussites de la famille Rothschild en France reposent sur une proximité très grande avec l'aristocratie au pouvoir durant la Monarchie de Juillet (1830-1848) et sur la participation de la banque aux nouveaux secteurs industriels. À sa mort en 1868, James lègue à ses enfants le domaine de Ferrières, acquis en 1829 ainsi que le siège de la banque à Paris, rue Laffitte dans le 9ème arrondissement.
Le château de Ferrières, ancienne résidence de Fouché, ministre de la Police de NapoléonIer, est tout d'abord transformé en 1830 dans un style néo-classique. Dans les années 1850, l'édifice ancien est entièrement détruit pour laisser place à un immense palais dont les plans sont confiés à Joseph Paxton, l'un des plus grands architectes de son époque. Créateur du Crystal Palace qui hébergea l'exposition universelle de Londres en 1851, il emprunte au style industriel et emploie de nouveaux matériaux (fer et verre) qui déplacent les limites de l'architecture au XIXe siècle. À Ferrières, le palais monumental des Rothschild s'inspire des villas de la Renaissance italienne et se compose d'un quadrilatère de 65m de côté, de quatre tours d'angle et d'une façade principale ornée d'un large escalier d'honneur qui donne sur un immense parc de 125 hectares et un lac. Inauguré en 1862, en présence de NapoléonIII, ce palais compte 28 suites richement décorées formant l'expression la plus achevée d'un style caractéristique dit «goût Rothschild»: plafonds sculptés en stuc, dorures, lambris et parquets en bois précieux, somptueux tissus lourds et extravagants, sculptures et armures, meubles anciens, principalement du XVIIIe siècle français, cet ensemble luxueux se retrouve dans les autres demeures de la famille, à la Villa Ephrussi, à Saint-Jean-Cap-Ferrat, ou à Mentmore Towers, dans la ville du même nom, palais jumeau de Ferrières construit au Royaume-Uni à la même époque et par le même architecte, Joseph Paxton.
Durant le Siège de Paris, en 1870, le Chancelier Otto von Bismarck et Jules Favre, ministre des Affaires Étrangères de la toute jeune Troisième République, se rencontrent à Ferrières et fixent les termes d'un armistice. À partir de 1874, chaque arrondissement de Paris recevait, par le biais de la Fondation Rothschild, une somme de 100.000 francs destinée aux familles les plus pauvres. Entre 1870 et 1940, la famille Rothschild développe ainsi son activité bancaire et s'implique dans les réformes sociales et les Suvres de bienfaisance. Les premières habitations à bon marché (HBM) qui apparaissent, dans les années 1900, dans les quartiers ouvriers de Paris sont aussi financées par cette fondation. En 1905, un hôpital et un dispensaire pour les maladies des yeux sont inaugurés rue Manin, dans le 19ème arrondissement.
Directement visée par l'antisémitisme et prise pour cible durant l'Affaire Dreyfus (1894-1906), la famille Rothschild joue un rôle important dans le développement du Consistoire central israélite de France, dont plusieurs membres de la famille Rothschild sont présidents de 1873 à 1940. À la suite de ce tournant majeur, l'engagement républicain et l'affirmation de la citoyenneté française des Rothschild, ainsi qu'un soutien en défense de la communauté juive, se manifestent par de multiples actions en faveur de l'État. Pendant la guerre de 1914-1918, une partie de la Fondation est mise à la disposition du Service de Santé militaire. Durant l'entre-deux-guerres, la Fondation se développe et s'adapte notamment au régime des Assurances Sociales, en continuant d'assurer la gratuité des soins aux personnes à faibles revenus dans les hôpitaux soutenus par la banque familiale. Lors de la Seconde Guerre mondiale, tous les membres de la famille doivent fuir la France, l'ensemble de leurs biens sont confisqués par le régime de Vichy et l'occupant nazi; leur collection d'art est pillée. En 1945, après la Libération, la famille Rothschild a prêté une grande partie du château de Ferrières à l'Ruvre de secours aux enfants (OSE), pour recevoir des enfants orphelins ou abandonnés, venus du château de Masgelier et d'autres du camp de Buchenwald.
Remis en état après la Seconde Guerre mondi ale par le baron Edmond de Rothschild, Ferrières est légué en 1977 à la Chancellerie de l'Université de Paris. Après le classement en 2002 au titre des Monuments historiques d'une grande partie du domaine, le château de Ferrières accueille depuis 2015, l'École de l'Excellence à la française qui forme aux métiers de l'hôtellerie, de la gastronomie et du luxe.
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Sources complémentaires :
Sources
AD77, 3331W508, Rothschild, papiers de famille. Répertoire numérique de la sous-série 69J, Musée Gatien Bonnet de Lagny, 1987, 87p.
AD77, 1703W3 à 7, Biens des Rothschild.
AD77, 158J 1 à 782, Documents du domaine de la Famille de Rothschild (livres de comptes, journaux et livres de caisse, Registres divers de fonctionnement et travaux par domaine, bienfaisance, actes notariés), 1832-1952.
AD77, M13184, Enfants Israélites venant d'Allemagne. Hébergés au château de la Guette à Villeneuve-Saint-Denis (colonie Rothschild), 1939.
AD77, 2FI2127 à 2148, Cartes postales du domaine de Ferrières.
Image : Éditions Aubry, Ferrières-en-Brie, Le Château, vue sur l'étang , Carte postale, 13x18, ca.1930, AD77, 2Fi2136.
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Références :
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ASSOULINE,Pierre, Le portrait, Paris, Gallimard, 2007, 320p.
COLLETTE,Florence, PÉRICARD-MÉA,Denise, Le temps des jardins, Melun, Conseil général de Seine-et-Marne, 1992, 557p.
CORTI,Egon Caesar, La Maison Rothschild, 2vol., Paris, Payot, 1929-1930, 901p.
DEMORIANE,Hélène, «Le plus spectaculaire des châteaux bâtis en France au 19e siècle, Ferrières, 1854-1862. Architecte, Joseph Paxton, fondateur le Baron James chef de la branche française des Rothschild», Connaissance des Arts, n°137, 1963, pp.74-87.
FERGUSON,Niall, The House of Rothschild, 2 vol. New York, Penguin, 1999-2000, 1064 p.
GILLE,Bertrand, Histoire de la maison Rothschild, Genève, Droz, 1965-1967, 1123p.
LOTTMAN,Herbert R., La Dynastie des Rothschild, trad. Marianne Véron, Paris, Seuil, 1995, 367p.
PREVOST-MARCILHACY,Pauline, «James de Rothschild à Ferrières: les projets de Paxton et de Lami», Revue de l'Art, n°100, 1993, pp.58-73.
PREVOST-MARCILHACY,Pauline, Les Rothschild: bâtisseurs et mécènes, Paris, Flammarion, 1995, 382p.