Filatures marseillaises (ouvrières italiennes)

  • Date :

    1910-1950

  • Notice historique :

    Présentation du contenu

    Dès la fin du XIXème siècle, on trouve les traces d'une filature de soie dans le faubourg industriel de la Capelette à Marseille : la filature Garnier située traverse Olive. Au début du XXème siècle, plusieurs filatures s'établissent dans ce quartier : la Société des Filatures et Tissages de Marseille, les filatures Pariente et La Marseillaise. Dans les années 1920, des immigrants originaires de Turquie installent des filatures de soie dans le quartier Saint Marcel et dans la banlieue nord de la ville. Cette industrie textile demeure toutefois marginale et emploie majoritairement des immigrantes, main-d'œuvre à faible coût. Certaines filatures disposent de dortoirs et logent une partie de leurs ouvrières, rappelant le

    système de l'internat industriel importé des États-Unis et développé en France à partir du XIXème siècle, notamment dans la région rhodanienne. À la veille de la Première Guerre mondiale, plus d'un millier d'Italiennes travaillent dans les filatures marseillaises. Une partie d'entre-elles viennent temporairement travailler en France pour subvenir aux besoins de leur famille ou pour se constituer une dot. Elles sont en général directement recrutées en Italie par les patrons ou par l'intermédiaire d'ouvrières déjà embauchées. Subissant des conditions de travail très dures et recevant de très bas salaires, les ouvrières de l'industrie textile marseillaise se mettent en grève à plusieurs reprises dans la première moitié du XXème siècle. Les syndicalistes cherchent à prendre en main les ouvrières mais il existe aussi des grèves spontanées et autonomes, les contrats signés par les immigrantes n'étant pas toujours honorés. À partir du milieu des années 1920, les luttes des ouvrières s'organisent progressivement sous l'égide de l'Union départementale Unitaire qui tente de rallier des femmes à son action. Les ouvrières de plusieurs filatures participent aussi activement au mouvement de grève du printemps 1936. Les filatures de la Capelette disparaissent pour la plupart d'entre-elles dans les années 1950. Si les ouvrières des filatures ont laissé peu de traces dans les mémoires, le boulevard des Vignes où se situait la plus grande usine textile marseillaise porte le nom de l'une d'elles : Fifi Turin, ouvrière, militante communiste et résistante pendant la Seconde Guerre mondiale.

    Auteur de la notice : Linda GUERRY.

  • Références :

    Linda Guerry, « Les grèves oubliées des immigrantes à Marseille », Plein droit. La revue du Gisti, n° 82, oct. 2009, p. 37-40.

    Linda Guerry, Le genre de l'immigration et de la naturalisation. L'exemple de Marseille (1918-1940), Lyon, ENS Éditions, 2013.

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