Mosquée de Paris (Paris)

  • Date :

    15 juillet 1926

  • Notice historique :

    Présentation du contenu

    La mosquée de Paris constitue le lieu symbolique des politiques musulmanes sous la IIIe République. La genèse de la construction d'une mosquée à Paris est clairement énoncée en mai 1846 sous les auspices de la Société orientale, une société littéraire et scientifique. Une commission est d'ailleurs créée et transmet un rapport au secrétaire d'État aux Cultes. La question de l'assimilation des «indigènes musulmans» à la France, et ceci dans le contexte de la conquête de l'Algérie, est clairement mentionnée. Le projet est finalement enterré. Il réapparaît en 1894 par l'intermédiaire de Charles Rouvier, Résident général à Tunis, et soutenu par le ministre des Affaires étrangères, Gabriel Hanotaux. Le parti colonial de la métropole, les orientalistes et les sujets ottomans et égyptiens résidant à Paris apportent aussi leur appui. Néanmoins, la presse xénophobe publie de nombreux articles contre la construction d'une mosquée à Paris.

    Finalement, avec la participation de près de 500 000 musulmans au sein de l'armée française durant la Première Guerre mondiale, l'idée d'une mosquée à Paris resurgit. En 1916, Paul Bourdarie, membre du Comité consultatif des Affaires indigènes et directeur de la revue indigène, propose à la Commission interministérielle des Affaires musulmanes (CIAM) un projet de construction d'une mosquée à Paris. Le 26 octobre 1916, une association est déclarée à la Préfecture de police sous le nom de Comité de l'Institut musulman à Paris. Le 30 janvier 1920, le gouvernement présente un projet de loi en vue de la création à Paris d'un institut musulman. Cet institut est présenté publiquement comme un espace culturel de rencontre pour mieux connaître la culture musulmane, et en même temps, un lieu de reconnaissance du sacrifice des soldats musulmans durant la Première Guerre mondiale.

    Si Khaddour Ben Ghabrit, notable musulman devenu l'homme de confiance du gouvernement sur les questions musulmanes, est chargé de recueillir les fonds nécessaires à la réalisation du projet. Il est désigné président de la Société des Habous et des Lieux saints de l'islam. Cette association, créée dans le cadre de la politique musulmane de la France dans le jeu diplomatique international, est chargée officiellement, le 19 août 1921, de s'occuper de la construction de l'édifice.

    La mosquée de Paris est édifiée sous la direction de l'architecte algérois Marcel Mantout, dans le Ve arrondissement sur un terrain cédé par la ville, à proximité du Jardin des plantes. En mars 1922, la première pierre est posée en présence du maréchal Lyautey, premier Résident général du protectorat français au Maroc. La mosquée de Paris est finalement inaugurée le 15 juillet 1926 par le sultan du Maroc, Moulay Youssef, et par le président de la République, Gaston Doumergue. Le 12 août 1926, l'Institut musulman de la mosquée de Paris est inauguré en présence du bey de Tunis, Mohammed El Habib. Ces inaugurations sont néanmoins contestées par les premiers mouvements nationalistes nord-africains actifs dans la capitale.

    L'édification d'un lieu de culte musulman en plein cSur de Paris est un tournant historique, marquant l'entrée d'un islam de France. Néanmoins, et à l'instar de l'hôpital franco-musulman, inauguré en 1935, et du cimetière musulman, ouvert en 1937, la mosquée de Paris s'inscrit dans cette politique coloniale de contrôle et de surveillance des musulmans.

  • Références :

    Blanchard Pascal, Deroo Eric, El Yazami Driss, Fournié Pierre, Manceron Gilles, Paris-Arabe. Présence des orientaux et des maghrébins dans la capitale , Paris, La Découverte, Achac-Génériques, 2003, 247 p.

    Sbaï Jalila, «La République et la Mosquée: genèse et institution(s) de l'Islam en France», in Jean-Pierre Luizard (dir.), Le choc colonial et l'islam , Paris, La Découverte, pp. 223-236.

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