Sans Frontière, quartier de la Goutte d'Or, Paris (18e arr.) Marche pour l'égalité et contre le racisme, 15 octobre au 3 décembre 1983
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Date :
1983
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Notice historique :
Présentation du contenu
Premier hebdomadaire indépendant de l'immigration, l'hebdomadaire Sans Frontière est créé en 1978 à la Goutte d'Or à Paris (18e arr.), quartier historique des ouvriers et des immigrés. Hebdomadaire puis revue mensuelle, Sans Frontière est créé par des anciens militants de mouvements immigrés autonomes. Le journal tient une place essentielle dans l'histoire et la mémoire de la Marche. Pour l'équipe de Sans Frontière, l'association avec la Marche est presque naturelle puisque tout comme leur journal, qui puise ses origines dans les mouvements immigrés autonomes des années 1970, la Marche est née du constat que les personnes issues de l'immigration, essentiellement maghrébine, sont les premières victimes de violences racistes et d'inégalités. Pour les organisateurs de la Marche, en particulier la CIMADE à Lyon, la collaboration est tout aussi naturelle, puisque celle-ci et Sans Frontière entretiennent des liens forts et ont soutenu ensemble des jeunes de l'immigration dans les quartiers populaires dans leur combat pour l'égalité.
L'idée du journal prend forme au sein d'un groupe de militants immigrés engagés dans diverses organisations, dont le Mouvement des travailleurs arabes (MTA) qui est particulièrement actif à la Goutte d'Or dans les années 1970. Dès la création du MTA en 1972, certains de ses militants proposent de créer un journal de l'immigration, par l'immigration et pour l'immigration. Ils partent du constat que les médias ne s'intéressent pas à la vie des immigrés et que ces derniers sont vus uniquement comme une composante économique et provisoire de la société française. C'est ainsi qu'en mars 1979, des anciens militants du MTA décident de créer Sans Frontière, sous-titré «Pour un hebdo de l'immigration». Leur objectif est d'avoir un journal qui rende compte du quotidien des immigrés, de leurs difficultés ainsi que de leur vie culturelle, affective et sociale. Etant donné les liens qui unissent certains militants du MTA vivant à la Goutte d'Or avec des personnalités locales connues pour leur engagement auprès des immigrés, c'est tout naturellement que le journal a son siège social dans ce même quartier. L'association Editions-Sans-Frontière qui gère le journal est présidé par l'abbé Louis Gallimardet, curé à la Goutte d'Or. Celui-ci est connu dans les milieux immigrés. Il a soutenu de nombreuses luttes pour des droits des immigrés, notamment la grève de la faim menée par Saïd et Faouzia Bouziri, jeune couple tunisien menacé d'expulsion en 1972. C'est d'ailleurs à la salle Saint-Bruno (rue Saint-Bruno à la Goutte d'Or), haut-lieu des luttes immigrées, et que l'abbé Gallimardet gère, que les militants du MTA se retrouvent régulièrement pour discuter de ce journal de l'immigration que sera Sans Frontière.
De par le parcours militant de ses fondateurs, Sans Frontière s'intéresse aux questions qui sont au cSur des revendications de la Marche 1983: l'égalité et la lutte contre le racisme. A l'été 1983, lorsque la direction de Sans Frontière prend connaissance de cette marche pacifique qui émerge d'un groupe d'enfants d'immigrés issus du quartier populaire des Minguettes à Vénissieux, elle s'associe presque naturellement à cette initiative. Pour Sans Frontière, qui dès son premier numéro en mars 1979 consacre des articles aux jeunes de «la seconde génération», La Marche s'inscrit pleinement dans la continuité des luttes menées par les immigrés dans les années 1970. C'est parce-que les enfants d'immigrés, comme leurs parents avant eux, sont victimes d'inégalités que ce combat mérité d'être accompagné et soutenu.
Les correspondants (journalistes et photographes) de Sans Frontière suivent les marcheurs tout au long de leur périple, de Marseille à Paris. En octobre 83, le journal publie l'itinéraire détaillé de la Marche. Il donne d'autres informations pratiques, notamment sur la manière dont on peut soutenir la Marche financièrement. Fidèle à sa mission de donner la parole aux immigrés et à leurs enfants, Sans Frontière consacre de nombreuses pages au vécu des participants. «Le journal des marcheurs» permet ainsi à Djamel Atallah, Toumi Djaïdja, Bouzid Kara ou Marilaure Mahé ainsi qu'à d'autres acteurs et actrices de la Marche de s'exprimer sur leur quotidien et sur ce que la Marche signifie pour eux. Sans Frontière ne joue pas seulement un rôle considérable en termes de diffusion de l'information mais également en termes organisationnels. Faisant partie du comité parisien d'accueil de la Marche, il négocie le parcours de la manifestation à Paris et assure aussi le service d'ordre. Une fois la Marche terminée, Sans Frontière relate ses conséquences dans plusieurs articles et numéros spéciaux. Dans ces numéros, la rédaction rappelle le message de la Marchequi repose sur les principes républicains de l'égalité, de la fraternité et du vivre-ensemble. La rédaction cherche également à déconstruire le mythe d'une «génération spontanée» qui aurait été la première à se battre pour ses droits, la précédente, celle des parents, étant restée soi-disant silencieuse et soumise. En s'engageant ainsi auprès des marcheurs dans leur combat pour l'égalité, Sans Frontière transcende les générations en construisant un pont entre les aînés et les jeunes militants de l'immigration.
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Sources complémentaires :
SOURCES INTERNES
Archives oralesissues de la campagne de Génériques sur les «luttes et mobilisations de l'immigration 1968-1988» : témoignages de Hédi Akkari, Salika Amara, Alima Boumediene-Thiery, Daniel Duchemin, Driss El Yazami, Brahim Messaouden, Samia Messaoudi,
Fonds Sans Frontière :
Sans Frontière n°79, octobre 1983, p.2.
«Marche et rêve», Sans Frontière, supplément n°80, novembre 1983.
«La Marche», Sans Frontière n°81, décembre 1983.
Sans Frontière, supplément n°81, décembre 1983.
«L'effet Marche», Sans Frontière, n°82, janvier 1984.
«La Marche en photos», Hors-Série Sans Frontière, supplément n°87, 1984.
La «Beur» génération, Sans Frontière, spécial SF n° 92-93 (chronologie événementielle de 1979 à 1985 et l'été meurtrier 1983).
Fonds Bonneau :
A1. Politiques d'immigration, polémique, réactions assos et partis politiques, La Marche 1983. (1972-1984).
B10. Crimes et agressions racistes, chronologie des crimes commis depuis 1980... (1980-1990).
L49. Associations, MRAP, fonctionnement interne, assises et congrès, CR BN, bulletin d'information, campagne (1981-1995).
L58. Assos diverses, FAS, France Plus, Texture, LDH... (1982-1995).
Dossiers «Discriminations» (M61. Travailleurs immigrés, syndicats, clandestins (1981-1998). M.64. Accès loisirs, études, retraite, regroupement familial, conditions féminine (1983-1996)), «Statistiques» (O68. 1983-1997) et «Pays d'origine, immigration par communauté» (Q72. 1981-1996).
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Références :
OUVRAGES
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Boubeker, Ahmed, Hajjat, Abdellali (dir.), Histoire politique des immigrations (post)coloniales. France 1920-2008, Paris, Éditions Amsterdam, 2008.
Bouzid, La Marche: Traversée de la France profonde, Paris, Sindbad, 1984.
Bouzid, La Marche. Les carnets d'un «marcheur», Paris, Sinbad-Actes Sud, 2013.
Delorme Christian, La Marche, Montrouge, Bayard, 2013.
Djaïdja, Toumi (Entretiens avec Jazouli, Adil), La Marche pour l'Egalité: une histoire dans l'histoire, La Tour-d'Aigues, Ed. de l'Aube, 2013.
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ARTICLES REVUES
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JOURNAUX
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Le Monde, 3 décembre 1983, Nicolas Beau, «Le inch' Allah du cardinal».
THESES
Polac, Catherine, «Quand les immigrés prennent la parole, histoire sociale de Sans Frontière, 1979-1985», Mémoire DEA, IEP Paris, 1991.
Willaume, Jean-Baptiste, «Jeunesse des banlieues et politique de la ville, 1981-1986. Le temps des grandes espérances ?», Mémoire de Maîtrise, Université Paris IV-Sorbonne, 2003.
AUDIOVISUELS
Abdallah, Mogniss H., et Fero, Ken, Douce France, la saga du mouvement "beur», Laos France, Agence IM'média - Migrant Media. 1993, www.histoire-immigration.fr/2011/9/douce-france-la-saga-du-mouvement-beur.