Les Minguettes, Vénissieux (Rhône) Marche pour l'égalité et contre le racisme, samedi 29 octobre 1983
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Date :
1983
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Notice historique :
Présentation du contenu
«La Marche est l'expression d'une soif de justice. C'est un message de paix que nous délivrons à notre pays, une déclaration d'amour que nous lui faisons ». Toumi Djaïdja, Paris, 31 mai 2013.
Vénissieux est une ville industrielle et populaire située à la périphérie sud-est de Lyon. C'est à l'ouest de Vénissieux, aux Minguettes, une Zone à urbaniser en priorité (ZUP), que nait l'idée de la Marche pour l'égalité des droits et contre le racisme. L'histoire de la Marche est indissociable de ce quartier populaire devenu, au début des années 1980, le symbole du malaise des banlieues françaises. En effet, ce sont des jeunes des Minguettes, Maghrébins pour la plupart, qui organisent la Marche, avec le concours actif de militants des droits humains de la région lyonnaise. Lors de leur passage aux Minguettes, le samedi 29 octobre 1983, les marcheurs s'arrêteront près du lieu où, 4 mois auparavant, Toumi Djaïdja, président de l'association SOS Avenir Minguettes, est blessé d'une balle tirée dans l'abdomen par un policier. Cet événement, qui conduit Toumi Djaïdja à l'hôpital, le persuade lui et ses amis de lancer une grande marche pacifique à travers le France pour dire stop aux violences policières, au racisme et aux inégalités.
Le 6 janvier 1960, un arrêté du ministère de la Construction fixe la création d'une ZUP sur le plateau des Minguettes, une zone jusque-là occupée par des terres agricoles. La ZUP est terminée en moins de 10 ans. En 1975, plus de 30000 personnes y vivent. Composée de 9200 logements avec 80% de logements sociaux gérés par différents bailleurs, elle accueille de nombreuses familles immigrées. Mais dès la fin de la construction, en 1974, on reconnait l'échec de l'opération. C'est ainsi que Le Progrès de Lyon publie une série d'articles en avril 1975 sur les Minguettes sous le titre «SOS Z.U.P.» où on peut lire, notamment, que le quartier est devenu «un ghetto d'immigrés». On note que les immigrés sont souvent surreprésentés dans les ZUP par rapport à leur présence dans l'agglomération. Aux Minguettes, le quartier de Monmousseau, d'où émerge l'idée de la Marche, compte plus de 30% de familles issues de l'immigration. Dès le milieu des années 1970, on note un nombre croissant de logements vacants aux Minguettes dû, entre autres, au fait que les classes moyennes et les habitants désireux d'accéder à la propriété ou de changer de quartier quittent la ZUP. En 1983, les Minguettes comptent près de 2 000 logements vides.
A l'été 1981, les Minguettes deviennent le symbole de la contestation urbaine. En réaction à l'installation d'une nouvelle annexe de police dans la cité de Monmousseau, des jeunes réagissent violemment et s'en prennent aux infrastructures. Leurs «rodéos» font la une des journaux télévisés et de la presse écrite. Alors que le gouvernement ordonne une réponse policière ferme face à ces actes, des affrontements de plus en plus violents éclatent entre forces de l'ordre et jeunes. A l'occasion de ces incidents, qualifiés par les médias d'«été chaud des Minguettes», l'ensemble du pays prend conscience de l'existence de ces cités minées par les inégalités, la violence, le chômage et la précarité. L'État prend acte de la faillite des services publics (logement, éducation, formation &) inaptes à l'intégration des jeunes et met en place une action forte de rénovation urbaine. Celle-ci prend la forme d'un vaste programme de rénovation de l'habitat et de développement de la vie sociale dans le cadre d'actions publiques: «Habitat et vie sociale» (1977-1981) relayé par «Développement social des quartiers» (1982-1988). Lorsque Toumi Djaïdja est blessé par balle le 20 juin 1983, la première tour du quartier Monmousseau vient de tomber dans le cadre de ce programme de rénovation.
En mars-avril 1983, suite à de nouveaux affrontements violents entre jeunes de Monmousseau et la police, une dizaine de jeunes entament une grève de la faim. Parmi leurs revendications: la création d'une commission d'enquête sur les poursuites judicaires et l'action de la police aux Minguettes, l'emploi et l'accès au logement. Pour Toumi Djaïdja, qui fait la grève de la faim, celle-ci le mène à une vraie prise de conscience: seule la non-violence peut stopper le cercle de violence entre les jeunes et les forces de l'ordre. C'est après cette grève que nait l'association SOS avenir Minguettes qui organisera la Marche pour l'égalité avec le concours de la CIMADE et du MAN. A l'été 1983, alors que la Marche prend forme, des jeunes des Minguettes organisent des actions non-violentes et des rencontres (dont des forumspolice-justice) afin de sensibiliser la population et les médias à la cause de leur action. Aux Minguettes, on voit alors apparaître des affiches et des T-shirts barrés d'un «On s'appelle tous Toumi Djaïdja». Au même moment, le gouvernement envoie sur le terrain une mission officielle chargée de faire la lumière sur la situation locale. François Mitterrand se rend aux Minguettes le 10 août 1983 et rencontre les organisateurs de la Marche. Sur les 17 marcheurs présents lors du départ de la Marche à Marseille le 15 octobre, une majorité venait des Minguettes. Lorsque la Marche y passe le samedi 29 octobre, environ 200 personnes sont présentes pour accueillir les marcheurs. Certains marcheurs en gardent un bon souvenir, d'autres sont déçus, persuadés que leur action attirerait davantage de soutiens sur leurs terres.
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Sources complémentaires :
Sources complémentaires
SOURCES INTERNES:
Fonds Sans Frontière
Fonds Béatrice Bonneau
SOURCES EXTERNES:
SOURCES D'ARCHIVES PUBLIQUES
Archives publiques :
Archives municipales de Vénissieux :
Archives municipales de Vénissieux (fonds 226W, 506Wet 507W).
Bensoussan, Bernard, Cordonnier, Sarah, Deschamps, Monique, Goutte, Martin, «Rapport final GRS «Collecte, conservation et valorisation des archives orales de la mémoire de la politique de la ville aux Minguettes à Vénissieux (Rhône)»», juin 2009, Groupe de recherche sur la socialisation (UMR 5040), Université Lumière Lyon 2. Consultable aux Archives municipales de Vénissieux.
«16 millions de mal-logés en France en 1974», Rapport NORA, 1974.
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Références :
OUVRAGES
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JOURNAUX
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MÉMOIRES ET THESES
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Marche à Valence, http://www.ina.fr/video/CAB8302218401.
WEBOGRAPHIE
Interview de Jean Costil, Presse et Cité, 2013, http://www.presseetcite.info/journal-officiel-des-banlieues/memoire/jean-costil-en-30-ans-jai-compris-comment-se-fabriquait.