Yamina Benchenni présente le travail mené par la Compagnie N'Taa Nou - « n'taa nou » comme un « besoin d'être ensemble pour construire quelque chose qui est à nous » - fondée dans les années 1980 à Marseille. Le théâtre immigré, à la croisée de luttes individuelles et de luttes politiques, permet aux comédiens de sortir du discours de victime, de partager leur engagement militant et de revendiquer leurs droits citoyens.
Frédérique Fuzibet présente les actions menées par le Théâtre de la Mer. Elle évoque également les enjeux de la reconnaissance progressive du théâtre immigré comme un processus artistique à part entière, déconnecté du pur champ militant et social. Le théâtre immigré à fait l'objet d'un véritable combat pour une reconnaissance à occuper l'espace symbolique de la scène dans le courant de la seconde moitié du XXe siècle.
Graça Dos Santos conclue le colloque sur la pertinence du théâtre comme vecteur de prise de parole permettant un dialogue, un partage et une transmission de mémoire sur cette « double absence » évoquée par certains participants pour exprimer leur sentiment d'appartenance et de non-appartenance à deux pays différents.
Jeanne Le Gallic présente les intervenants de la première table ronde. Elle effectue ensuite une présentation synthétique du théâtre immigré dans les années 1970.
Hechmi Ben Frej présente le travail mené par le Collectif d'action et de diffusion culturelles arabes en France (CADCAF) au sein de la Maison de Tunisie dans les années 1970.
Françoise Banat-Berger revient sur le partenariat effectué entre les Archives de France et l'association Génériques dont sont issus une partie des projets portés par l'association comme le guide des sources Les étrangers en France - Guide des sources d'archives publiques et privées XIXe-XXe siècles, 1999 (tomes I, II et III) et 2005 (tome IV) ainsi que la signature d'une convention-cadre accompagnant le dépôt de fonds d'archives privées relatifs à l'immigration aux Archives nationales. Françoise Banat-Berger lit un message adressé par Jacques Toubon, Défenseur des droits, absent de cette rencontre : « Génériques est pour moi depuis quinze ans, un compagnon du combat que je mène pour la reconnaissance de l'immigration dans l'histoire de la France et de la construction multiple de notre pays comme une république qui embrasse à égalité tous ses enfants quelles que soient leurs origines [...] ».
Corinne Bord souligne l'importance du partenariat entre le Commissariat général à l'égalité des territoires (CGET) et Génériques. Elle présente les actions menées par le CGET et rappelle que la politique de la ville fête ses quarante années d'existence. Nadir Sidhoum prend ensuite la parole pour présenter le fil conducteur de la rencontre « Monde associatif et intégration sociale, quelles dynamiques entre société civile et pouvoirs publics ? ». Il cite notamment un extrait du témoignage de Saïd Bouziri, président de Génériques de 1988 à 2009 : « [...] Les archives de militants et de structures associatives de l'immigration sont des pans entiers de l'Histoire des oppositions démocratiques, qui se révèle bien souvent contrainte dans le pays d'origine. Comment faciliter l'exploitation et la diffusion, aussi bien dans les pays d'accueil que dans les pays d'origine de ces sources primordiales pour une écriture de l'Histoire ? ».
Patrick Simon effectue un retour historique sur les trente dernières années en matière d'intégration, en pointant les continuités et les ruptures à l'œuvre.
Driss El Yazami revient sur l'histoire de l'association Génériques, créée en 1987 par un groupe de militants, dont une partie ont participé à la création des journaux Sans Frontière et Baraka de 1979 à 1987. Dès le départ, l'association a pour vocation à promouvoir la préservation, la sauvegarde et la valorisation de l'histoire de l'immigration en France, tout un se situant à la croisée de différents réseaux, qu'ils soient universitaires, institutionnels, associatifs et culturels. Driss El Yazami revient sur cinq actions emblématiques menées par l'association :
L'exposition « France des étrangers, France des libertés - Presse et communautés dans l'Histoire nationale », retraçant deux siècles d'histoire des journaux créés par les diverses communautés immigrées (1989).L'exposition « Au miroir de l'Autre » retraçant une histoire comparative des migrations entre la France et l'Allemagne (années 1990).La création de la revue Migrance, revue consacrée à l'histoire de l'immigration en France et dans le monde (1993).La création du guide des sources Les étrangers en France - Guide des sources d'archives publiques et privées XIXe-XXe siècles, 1999 (tomes I, II et III) et 2005 (tome IV).La participation au projet de création de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration dans les années 1990 aboutissant à la création officielle de la Cité le 8 juillet 2004.
Gérard Moreau structure sa présentation autour de la problématique : « De quelle manière les institutions dédiées à la question de l'insertion des populations immigrées on été mises en place et comment ont-elles évoluées ? ».
Thierry Benoît vient questionner le fonctionnement du Fonds d'action sociale (FAS) remplacé depuis 2014 par le Commissariat général à l'égalité des territoires (CGET) - et son rapport avec le secteur associatif.
Agnès Fontana revient sur la construction de la politique d'intégration ainsi que sur la dynamique des liens tissés entre les pouvoirs publics et le tissu associatif.
Le public réagit aux interventions de la table-ronde en interrogeant les intervenants sur les thématiques suivantes :
Conduite de la politique d'intégration par les pouvoirs publics ;Débat sur la notion de « méfiance » des pouvoirs publics envers le monde associatif ;Tendance du secteur associatif à se positionner en prestataire de services ;Discussion autour de la notion d'intégration.