Quartier du Marais (Paris)

  • Date :

    1880

  • Notice historique :

    Présentation du contenu

    Des années 1880 jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, plus de cent mille juifs d'Europe de l'Est, notamment de Russie, de Pologne, de Roumanie, d'Ukraine et d'Autriche-Hongrie, partent en exil vers la France, fuyant les persécutions et la misère. C'est à Paris que la plupart s'installent, dans le quartier du Marais appelé le Pletzl , c'est-à-dire la «petite place». Avant l'arrivée dans ce quartier des réfugiés ashkénazes, une population juive est déjà installée rue des Rosiers et aux alentours, notamment des juifs originaires d'Alsace et de Lorraine (présents dans le Marais depuis la fin du XVIIIe siècle) ayant émigré à Paris lors de l'annexion de l'Alsace-Lorraine en 1871 par l'Empire allemand. À la fin du XIXe siècle alors que Paris était modernisée par les travaux d'Haussmann, des îlots anciens et insalubres subsistaient. Le Pletzl , au sein duquel les habitations étaient délabrées, souvent sans eau courante, a attiré ces migrants sans ressources qui y trouvaient des activités traditionnelles comme la maroquinerie, la chaussure, le textile et les casquettes. Des commerces d'alimentation casher, des librairies d'ouvrages et de journaux en yiddish, mais aussi des confréries religieuses, des associations d'ouvriers, des cercles d'études, se sont développés. Les cafés ont représenté, comme souvent dans les milieux populaires, un lieu de sociabilité et de réunions amicales, politiques et syndicales.

    La diversité de la communauté juive de Paris s'accentue encore dans l'après Première Guerre mondiale, notamment avec l'arrivée de juifs espagnols. Le quartier a été durement marqué par les arrestations et les déportations qui ont décimé une grande partie de la communauté juive du Marais lors la Seconde Guerre mondiale. Ainsi, au n°22 de la rue des Ecouffes, les quarante-quatre habitants, adultes et enfants, sont arrêtés et déportés le 16 juillet 1942 par une quarantaine de policiers français. Personne n'est revenu. Le Mémorial du martyr juif inconnu est, en souvenir de cette période, inauguré en 1956 au n°17 de la rue Geoffroy-l'Asnier.

    Même si la présence de familles juives séfarades en provenance essentiellement d'Algérie est attestée dès le début du XXe siècle, le quartier du Marais prend un visage méditerranéen, dans les années 1960, avec l'arrivée des rapatriés juifs d'Afrique du Nord.

    Aujourd'hui, le Marais, emblème de la diaspora juive parisienne, est devenu un lieu historique et touristique: boutiques casher, spécialités orientales, pains azymes, objets religieux, inscriptions en yiddish et en hébreux&Pourtant, le Marais ne peut se réduire à sa seule entité juive. Au-delà de cette image, le quartier, très loin d'être un ghetto, a toujours vu sa population sans cesse renouvelée par des arrivées et des départs vers d'autres quartiers parisiens, comme Belleville ou Montmartre. Aujourd'hui encore, le quartier évolue, comme en témoignent les nouvelles boutiques de design et de mode qui s'y sont installées depuis quelques années.

    Lieu aux visages multiples, en fonction de la diversité des origines géographiques des populations, le quartier est le fruit d'un mélange culturel riche, ancré profondément dans la mémoire de ses habitants et dans l'histoire de Paris.

  • Références :

    Azéma Jean-Pierre (dir.), Vivre et survivre dans le Marais , Paris, Le Manuscrit, 2005, 544 p.

    Brody Jeanne, Rue des Rosiers, une manière d'être juif, Paris, Autrement, 1995.

    Costa Bernadette, Je me souviens du Marais , Paris, Parigramme, 1995, 133 p.

    Green Nancy, Les travailleurs immigrés juifs à la Belle époque : le "pletzl" de Paris , Paris, Fayard, 1985, 361 p.

    Jarassé Dominique, Guide du patrimoine juif parisien, Paris, Parigramme, 2003, 200 p.

    Kaspi André et Marès Antoine, Le Paris des étrangers depuis un siècle , Paris, Imprimerie nationale, 1989, 406 p.

    Laloum Jean, «Des Juifs d'Afrique du Nord dans le Pletzel? Une présence méconnue et des épreuves oubliées (1920-1945)», in Archives juives , volume 38, 2005/2, pp.47-83.

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