Trotski, Léon : son séjour à Barbizon
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Date :
Entre novembre 1933 et avril 1934
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Notice historique :
Pendant quelques mois, entre novembre 1933 et avril 1934, Léon Trotsky (1879-1940) réside à Barbizon, en lisière de la forêt de Fontainebleau. Né Lev Davidovitch Bronstein, Léon Trotsky est issu d'une famille juive du sud de l'Ukraine. Il abandonne rapidement ses études pour se consacrer au militantisme politique et révolutionnaire et devient membre du Parti ouvrier social-démocrate de Russie. Déporté plusieurs fois en Sibérie par le régime tsariste, il est contraint à l'exil. À Londres, en 1900, il rencontre Lénine et collabore activement à la rédaction du journal révolutionnaire marxiste L'Iskra (L'Étincelle). Lors de la Révolution russe de 1905, il revient en Russie et devient président du soviet de Saint-Pétersbourg. À la reprise en main du pays par le régime du Tsar, Trotsky est emprisonné mais réussit à s'évader. Il s'exile de nouveau et poursuit ses activités politiques en Autriche, en France, en Espagne et aux États-Unis. Durant cette période, il édite la première édition du journal Pravda et développe la théorie de la révolution permanente. En février 1917, Trotsky retourne en Russie lors du déclenchement de la Révolution russe d'octobre dont il devient, avec Lénine, une figure centrale. Fondateur de l'Armée rouge, il est l'un des principaux artisans de la victoire des Bolcheviks lors de la guerre civile de 1918 à 1921.
Après la mort de Lénine en 1924, il s'oppose à Staline et est chassé du gouvernement puis du Parti bolchevik. Il s'exile à nouveau, d'abord en Asie centrale puis à Istanbul, en Turquie, où il demeure à partir de 1929. À partir de juin 1933, il séjourne en France mais le gouvernement, alors radical et conservateur, interdit son séjour dans la région parisienne, par crainte de son influence politique. En novembre, il obtient l'autorisation de résider en Seine-et-Marne, sous un nom d'emprunt, Klement, et s'installe dans une villa, décrite en ces termes:
Henri Molinier avait loué une villa qui se trouvait sur un petit chemin longeant la forêt. La villa Ker Monique avait deux étages; les pièces étaient petites, les escaliers et les couloirs étroits. Nous nous sentions entassés dans cette maison, ce n'était plus l'espace de Prinkipo [à Istanbul] ou de Saint-Palais [près de Royan]. La chambre et le bureau de Trotsky étaient au premier étage. Le jardin n'était pas grand. La villa n'était guère qu'un pavillon de banlieue, mais l'endroit était calme. (Jean Van Heijenoort, De Prinkipo à Coyoacán: sept ans auprès de Léon Trotsky, 1978)
La maison Ker Monique, située sur le chemin de bornage, à Barbizon, est idéalement placée: à proximité de Paris, les déplacements et les rencontres avec des camarades de luttes, chargés des tâches quotidiennes et des activités militantes, étaient facilités. Durant cette période, Trotsky ne reste pas inactif: suite à l'émeute antigouvernementale du 6 février 1934 à Paris, il rédige un manifeste qui paraît le 9 mars dans le journal trotskiste français La Vérité. Il est immédiatement attaqué par la presse de droite et L'Humanité mais sa présence en France reste inconnue du grand public. En avril, à la suite du contrôle d'un courrier à bicyclette, la brigade de gendarmerie locale effectue une enquête immédiatement ébruitée: la présence de Trotsky est révélée par la presse. Une foule de journalistes et de curieux afflue alors à proximité de la villa Ker Monique et d'innombrables articles couvrent l'événement et suivent, au jour le jour, la vie quotidienne de Trotsky et de son entourage. Le Conseil des ministres décide d'annuler l'autorisation de séjour en France de Trotsky, accusé de ne pas avoir observé les devoirs de neutralité politique, comme il s'y était engagé. En avril 1934, craignant pour sa vie, il décide de quitter clandestinement la villa Ker Monique, pour se réfugier à Lagny-sur-Marne, près de Meaux. Le gouvernement tolère sa présence en France en attendant qu'il trouve un pays d'accueil, sans pour autant le laisser se rapprocher de Paris. Il est expulsé définitivement de France en juin 1935 et trouve refuge en Norvège puis au Mexique, à partir de 1937. En 1938, Léon Trotsky fonde la IVe Internationale. Poursuivant sa lutte contre le régime stalinien, il est assassiné à Mexico, le 21 août 1940, par un agent de Staline. La maison Ker Monique a aujourd'hui disparu.
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Sources complémentaires :
Sources
AD77,150J171, Leon Trotsky à Barbizon, Dossier documentaire et coupures de presse.
AD77,Fonds Bernard Taboureau, dossier documentaire sur Trotsky.
AN,F7/13981, Dossier Trotsky, Rapport du procureur de Melun.
BNF,Photographie de l'Agence Meurisse, «La villa de Trotsky à Barbizon».
Image :Photographies extraites de «Trotsky a-t-il quitté sa villa de Barbizon?», Paris-soir, 26 avril 1934, Bibliothèque nationale de France, JOD-235.
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Références :
BROUE,Pierre, Trotsky, Paris, Fayard, 1988, 1105p.
KRIEGEL,Annie, «Le dossier de Trotski à la Préfecture de police de Paris», Cahiers du monde russe et soviétique, vol.4, n°3, 1963, pp.264-300.
MARIE Jean-Jacques, Trotsky: Révolutionnaire sans frontières, Payot, Paris, 2006, 621p.
PONFILLY,Raymond de, Guide des Russes en France, Paris, Horay, 1990, 527p.
VAN HEIJENOORT,Jean, De Prinkipo à Coyoacán: sept ans auprès de Léon Trotsky, Paris, Maurice Nadeau, 1978, 231p.