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Beckett, Samuel : sa maison à Ussy-sur-Marne

  • Date :

    13 avril 1906-22 décembre 1989

  • Notice historique :

    Né dans la banlieue de Dublin, le 13 avril 1906, Samuel Beckett étudie le français, l'italien et l'anglais au Trinity College de Dublin puis s'installe à Paris en 1928. Pendant deux années, il devient lecteur d'anglais à l'École Normale Supérieure de Paris. Il rencontre alors James Joyce dont l'Suvre influence profondément la formation littéraire de Beckett. Ses premiers écrits de critique portent sur Dante et Proust mais il s'éloigne peu à peu du monde académique pour se consacrer à l'écriture de textes littéraires qui commencent à paraître à partir de 1929. Après plusieurs voyages en Europe, il s'installe définitivement à Paris en 1938 et achève la rédaction de son premier roman Murphy, qui paraît la même année en Angleterre. Durant l'Occupation, Beckett s'engage, dès 1940, dans la résistance et est recruté dans le réseau «Gloria SMH» (initiales inversées de His Majesty's Service), formé d'intellectuels, de cadres et d'artistes, et lié à l'Intelligence britannique. Le réseau tombe en août 1942, mais Samuel Beckett et sa compagne, Suzanne Déchevaux-Dumesnil, échappent à l'arrestation et se réfugient en zone libre. Le couple s'installe à Roussillon, dans le Vaucluse, jusqu'en 1945 avant de revenir à Paris à la Libération.

    Au début des années 1950, Beckett est accueilli par Jérôme Lindon, directeur des Éditions de Minuit, qui publie dès lors l'intégralité de son Suvre. Ses trois premiers romans, Molloy, Malone meurt et L'innommable, paraissent entre 1951 et 1953 et établissent sa renommée comme écrivain, novateur et inclassable. L'immense succès de sa pièce de théâtre, En attendant Godot (1952), et la consécration internationale de son Suvre l'incitent à acquérir, en 1953, une maison de campagne sur les hauts d'Ussy-sur-Marne, au hameau Molien, près de La Ferté-sous-Jouarre. Il y retrouve le calme et la sérénité propices à l'écriture: c'est dans cette maison qu'il rédige la plupart de ses écrits entre les années 1950 et 1980. L'originalité de son Suvre tient dans la superposition et le passage créatif entre les genres (roman, théâtre, poésie, film) et l'usage alterné du français et de l'anglais comme langue d'écriture ainsi que l'auto-traduction de ses Suvres dans l'une ou l'autre langue. Beckett est récompensé par le prix Nobel de littérature en 1969 mais il considère cette récompense comme une «catastrophe»: l'enthousiasme qui entoure la réception de son travail et l'analyse critique sont perçus avec méfiance et il se détourne des mondanités et des devoirs qu'impose la célébrité.

    Dans la dernière période de l'Suvre de Beckett, marquée par Comment c'est (1961), Watt (1968), Le Dépeupleur (1970), Compagnie (1980), la prose devient à la fois de plus en plus dense et hachée. L'écriture traduit l'attention à l'infime et au fragmentaire, et rend compte d'une observation du corps soumis à l'effort de l'existence, comme en témoigne une lettre écrite en 1957 à son amie Ethna MacCarthy, à propos de sa vie quotidienne à Ussy:

    Je perds la bataille avec les taupes, et les sangliers ont démoli la clôture de barbelés. Je passe la plupart du temps à Ussy à tuer le temps avec la pelouse et du papier& Vie triste et morne sans aucune perspective. Je prends ma bicyclette et grimpe les côtes en me refusant à mettre pied à terre, suant et souffrant, les jambes en capilotade& Après avoir avalé une poêlée d'asperges et de patates arrosées d'un demi-litre de gros bleu, il prend un bain et va se coucher.

    La vie de Beckett à Ussy tient aussi à son amitié avec ses amis Josette et Henri Hayden qui habitent non loin de là, à Mareuil-sur-Ourcq dans l'Oise, puis, encore plus près, à Reuil-en-Brie. Henri Hayden (1883-1970), peintre né à Varsovie en Pologne, émigré en France dans les années 1900, rencontre Beckett à Roussillon pendant la Seconde Guerre mondiale. Les deux hommes se lient alors d'une amitié ininterrompue, ponctuée par des parties d'échecs. Beckett écrit:

    Il y a des jours merveilleux. Par-ci par-là, un dîner avec les Hayden. Joué une fois aux échecs. L'air crucifié pendant vingt coups avant de faire une erreur qui s'est traduite par un match nul.

    Beckett meurt en 1989 et est enterré au cimetière du Montparnasse.

  • Sources complémentaires :

    Sources

    BNF, Département des Manuscrits: lettres et manuscrits littéraires.

    Institut Mémoire de l'édition contemporaine, IMEC (Saint-Germain-la-Blanche-Herbe), Archives Beckett.

    Reading University Library (Royaume-Uni), Beckett collection: archives et manuscrits.

    Trinity College, Dublin (Irlande), Lettres et correspondances.

    Image :Roger Pic, Portrait de Samuel Beckett, Tirage photographique, 24x18, 1977, Bibliothèque nationale de France, DIA-PHO-1 (955).

  • Références :

    AA.,VV., Samuel Beckett à Ussy-sur-Marne, Ussy-sur-Marne, Association pour la sauvegarde d'Ussy-sur-Marne, 2001, 24p.

    BARTILLAT,Christian de, Deux amis. Beckett et Hayden, Étrépilly, Les Presses du village, 2001, 126p.

    ALPHANT,Marianne, LEGER,Nathalie, Objet Beckett, Paris, Centre Pompidou, IMEC, 2007, 127p.

    CASANOVA,Pascale, Beckett l'abstracteur. Anatomie d'une révolution littéraire, Paris, Seuil, 1997, 170p.

    KNOWLSON,James, Samuel Beckett, trad. Oristelle Bonis, Arles, Actes Sud, (1ère éd. 1996) 1999, 1115p.

    KNOWLSON,James, «Beckett dans le silence d'Ussy», Dominique Camis (dir.), Balade en Seine-et-Marne sur les pas des écrivains, Paris, Éditions Alexandrines, 2002, pp.22-34.

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