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Van Dongen, Kees : "Le Louvard" à Chanteloup-en-Brie dans les années 1920

  • Date :

    26 janvier 1877-28 mai 1968

  • Notice historique :

    Kees Van Dongen (1877-1968), né Cornelis Théodorus Marie van Dongen, est un peintre néerlandais lié aux peintres « fauves » et au mouvement expressionniste allemand Die Brücke. En 1892, à l'âge de 16 ans, il débute des études de peinture à l'Académie royale des Beaux-Arts de Rotterdam. Il fréquente les bas-fonds de la ville et visite le Quartier Rouge portuaire, la Zandstraat (rue des sables) qui inspire ses premières Suvres. Il développe une technique personnelle qui utilise des traits agiles et rapides, au crayon ou à l'encre de Chine, parfois rehaussé à l'aquarelle. Proche des milieux anarchistes, il illustre l'ouvrage de Pierre Kropotkine, L'Anarchie (1896), et entame une longue carrière d'illustrateur pour des journaux et des éditeurs de livres d'art. Il est embauché par le quotidien RotterdamscheNieuwsblad qui l'emploie comme dessinateur-reporter.

    En 1897, il réside plusieurs mois à Paris. Pour survivre, il multiplie les petits métiers: un jour lutteur de foire, un autre vendeur de journaux, parfois portraitiste ambulant. En septembre 1898, il retourne aux Pays-Bas, appelé par son journal de Rotterdam pour couvrir les fêtes du couronnement de la reine Wilhelmine. Au tout début de 1899, il rejoint Paris à nouveau et s'établit en France durablement; ses conditions de vie difficiles le contraignent à suspendre son travail de peintre, comme il l'écrit dans une lettre en 1901:

    Peindre, c'est servir le luxe et cela à une époque où la misère est partout. J'ai toujours peint avec l'idée qu'il vaut mieux travailler (&) pour le peuple tout entier et non pour quelques bandits (&). C'est aussi pour ça que je dessine pour des journaux et que j'ai abandonné la peinture.

    À partir de 1904, il expose dans les salons et les galeries, comme celles d'Ambroise Vollard ou des frères Bernheim-Jeune, grands marchands d'Suvres d'art, aux côtés de Picasso, Matisse, Seurat, Cézanne et Vlaminck. Il se rattache alors au style nouveau, le fauvisme, qui exprime les sensations et les émotions face au monde en exaltant les formes et les couleurs. À la même époque, il publie de nombreux dessins et caricatures pour des journaux illustrés comme Le Journal, La Caricature et Les Temps Nouveaux et des revues satiriques et anarchistes comme L'Assiette au beurre. Entre 1910 et 1914, il visite le Maroc, l'Espagne et l'Italie et montre un intérêt particulier pour les couleurs vives des drapés, le mouvement des visages et la danse.

    Après la Première Guerre mondiale, son atelier de Montparnasse, installé rue Denfert-Rochereau, devient un haut lieu de rendez-vous et de fêtes où convergent tous les acteurs de la folle époque artistique parisienne des années 1920. L'Suvre de Van Dongen est alors empreinte de la vie quotidienne des faubourgs parisiens: il représente les bals, cirques, fêtes foraines, divertissements populaires et le monde de la prostitution. Reconnu par la critique et le public, il devient riche et célèbre grâce au marchand d'art Daniel-Henry Kahnweiler (1884-1979) qui finance son travail.

    En 1921, il fait l'acquisition d'une résidence secondaire, à Chanteloup-en-Brie, en Seine-et-Marne: cette demeure, située en bordure du bois de Chigny et surnommée « le Louvard » (jeune loup), date du XVIIIe siècle et lui procure un cadre isolé, un refuge propice à la création. Portant son carnet de croquis, Van Dongen, arpente la campagne environnante et de nombreuses peintures traduisent l'influence des motifs de la nature et des forêts qui entourent sa nouvelle demeure. En 1929, il obtient la nationalité française. En 1932, il se sépare de sa résidence de Chanteloup-en-Brie et l'offre à son amie et modèle, la styliste Léa Jacob, dite Jasmy. Le debut des années 1930 marque un tournant dans sa carrière: la crise économique de 1929 diminue sa clientèle et Van Dongen se replie sur lui-même. Durant l'Occupation, il se rend en Allemagne, avec plusieurs écrivains français, lors d'un voyage organisé par Joseph Goebbels en 1941 et il hésite à condamner le régime nazi. Après la guerre, ses Suvres s'exposent dans le monde entier, une grande rétrospective est organisée par la célèbre galerie Charpentier en 1949 et il devient le portraitiste des grands artistes de l'époque, de Maurice Chevalier à Brigitte Bardot. Il meurt à Monaco en 1968. Van Dongen a donné son nom à la salle des fêtes municipale de Chanteloup-en-Brie et au lycée de Lagny-sur-Marne.

  • Sources complémentaires :

    Sources

    AN,F/21/4038, Distinctions honorifiques, Légion d'honneur: candidatures au grade d'officier, 1920-1935, Van Dongen.

    AN,19800035/955/10970, Dossier de la Légion d'honneur, Van Dongen.

    AN,AB/XIX/5177, Papiers Germaine Decaris (1939-1959), dossier Kees Van Dongen

    AN,F/21/6774, Commandes et achats d'Suvres d'art par l'État, Van Dongen, 1937-1940.

    Image :Auteur inconnu (Agence de presse Meurisse), Portrait de Kees Van Dongen, Négatif sur verre, 18x13, 1923, Bibliothèque nationale de France, EI-13 (2747).

  • Références :

    BOTT,François, Le dernier tango de Kees Van Dongen, Cherche Midi, 2014, 132p.

    HOPMANS,Anita (dir.), Van Dongen. Fauve, anarchiste et mondain, Paris, Paris Musée, 2011, 255p.

    BOUHOURS,Jean-Michel, BONDIL,Nathalie (dir.), Van Dongen, Paris, Hazan, 2008, 343p.

    KYRIAZI,Jean Melas, Van Dongen et le fauvisme, Lausanne, La Bibliothèque des arts, 1971, 150p.

    MARCHESSEAU,Daniel, SAUTOT,Dany (dir.), Kees Van Dongen, Martigny, Fondation Pierre Gianadda, 2002, 215p.

    VAN DONGEN,Kees, Peindre, Villefranche, J. Bonthoux, 1937, 24p.

    VAN DONGEN,Kees, Histoire décousue. Van Dongen raconte ici la vie de Rembrandt et parle, à ce propos, de la Hollande, des femmes et de l'art, Paris, Flammarion, 1927, 161p.

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