Les « sonacos » ou la grève des loyers des résidents des foyers Sonacotra
Le 26/06/2013 à 10h15 par Génériques
Résumé

Découvrez les ressources disponibles sur la Sonacotra et le mouvement de lutte historique des résidents des foyers dans les années 70.

 

La Sonacotra, SOciété NAtionale de COnstruction de logements pour les TRavailleurs ALgériens, est créée en 1956, en pleine guerre d'Algérie, pour répondre à deux défis : celui de la construction et de la gestion de foyers pour les travailleurs migrants et celui de la résorption des bidonvilles. Après l'indépendance de l'Algérie en 1962, l'organisme deviendra la Sonacotra, SOciété NAtionale de COnstruction de logements pour les TRAvailleurs.

L'entreprise se développe particulièrement à partir du milieu des années 1960, du fait de l'explosion de la demande de logement de la main d'oeuvre immigrée qui arrive en masse dans le contexte économique florissant des Trente Glorieuses et qui se diversifie, avec l'apport de nouvelles populations originaires pour beaucoup d'Afrique sub-saharienne. La Sonacotra compte en 1973, 275 foyers répartis sur toute la France, hébergeant plus de 73 000 personnes.

 

Les luttes des années 1970

Le mouvement de lutte des résidents des foyers Sonacotra s'inscrit dans un mouvement plus général de mobilisation des travailleurs immigrés qui revendiquent de meilleures conditions de travail et de logement et combattent le durcissement des conditions de séjour des étrangers en France dans les années 1970 : grèves dans les usines, comme à Renault ou Pennaroya, de 1971 à 1975 ; grèves de la faim pour obtenir des papiers de décembre 1972 à l'automne 1973, mobilisation contre les circulaires Marcellin-Fontanet qui conditionnent l'autorisation de séjour en France à la détention d'un emploi.

 

 

La grève des loyers

A partir de 1975, une « grève des loyers » débute au foyer Romain-Rolland de Saint-Denis. Elle se propagera en 1976 à l'ensemble de la région parisienne puis aux autres régions françaises, rassemblant au plus fort des mobilisations de 20 000 à 30 000 grévistes. Protestant contre la hausse généralisée des loyers qu'ils jugent alors indécentes en comparaison avec la qualité de vie qu'offrent ces foyers, les résidents grévistes dénoncent également l'état de délabrement précoce des structures ainsi que les méthodes de répression utilisées contre leur mouvement, comme les recours auprès des ambassades de leurs pays d'origine et les expulsions du territoire français.

La lutte perdure jusqu'en 1980, date d'aboutissement des négociations entre les grévistes et la Sonacotra. Les résidents obtiennent alors le changement du personnel d'encadrement et une plus grande consultations des résidents pour les décisions de règlement intérieur ainsi qu'une réglementation des augmentations. Mais cette victoire demeure partielle puisque leur statut de locataires ne sera pas reconnu.

 

 

Les sources dans Odysséo

Deux collections sont particulièrement importantes pour ce sujet : la collection numérisée de périodiques du Comité de coordination des foyers Sonacotra en lutte (CCFSL) et la collection d'affiches numérisées du Groupe d'information et de soutien des travailleurs immigrés (GISTI).

 

La collection coordination des foyers Sonacotra :

Le comité de coordination des foyers Sonacotra en lutte a été mis en place pour gérer la grève des loyers des résidents commencée en 1975. Le Bulletin d'information des foyers Sonacotra en lutte qu'il édite à partir de 1977 était rédigé par les habitants eux-même. Son objectif était d'informer les grévistes ainsi que les personnes soutenant leur action des différents événements mis en place dans le cadre de ce conflit social. Il fallait aussi démentir les « informations mensongères et calomnieuses » (Bulletin d'information des foyers Sonocotra en lutte n°11) de la Sonacotra et de ses alliés.

A la fois témoignage sur ce conflit, ce périodique est une source exceptionnelle sur les conditions de vie dans les foyers de travailleurs immigrés en France dans les années 1970.

 

Les affiches de la collection du GISTI :

Association de défense et d'aide juridique des étrangers, le Groupe d'information et de soutien des travailleurs immigrés (GISTI) est né en 1972. Il tient des permanences juridiques gratuites, édite des publications, organise des formations sur la réglementation relative aux étrangers et milite également pour la défense des droits de l'Homme.

Une grande parties des affiches de la collection du GISTI concerne la lutte des "sonacos". Elles témoignent des différents temps forts de ce mouvement en région parisienne (appels à manifestations , photographies de cortège manifestant...) et exposent les principales revendications des grévistes. Ces documents témoignent aussi de la solidarité revendiquée entre les travailleurs immigrés et français et de la volonté d'insérer cette lutte dans le mouvement plus traditionnel de la lutte ouvrière. D'un point de vue législatif et politique, ces revendications s'associent aux luttes contre les lois sur le séjour et l'expulsion des travailleurs immigrés votées à la fin des années 1970 dans le but "maîtriser" les flux migratoires dans un contexte de crise économique.

 

Paru en mai 2011

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